Pourquoi devoir toujours s’expliquer ?
Expliquer ? Dire, commenter mes peintures, mes créations, Dieu que cela m’est difficile. Il y a fort heureusement quelques bonnes âmes aux regards aiguisés qui n’ont point de commentaires. C’est une bonne et belle chose que d’être compris ! Il est parfois difficile de vivre aussi dans le doute (bien que cela soit nécessaire…), seul face aux instants de concrétisation d’une idée, d’un sujet. Me faut-il encore apprendre ? Sans problème, il me faudra surtout apprendre le « Temps » et puis la manière avec laquelle je vais transposer sur l’écran blanc, l’instant et le sentiment qui se pressent au bout de mes doigts. Je voudrais dépasser le stade actuel de la peinture : la stagnation, sinon il me faudrait envisager le virtuel… ! Non je blague…! , la sculpture me fera gagner le combat de la création contemporaine !
Travailler sans cesse, ne pas laisser l’incertitude temporelle s’accaparer de ma vie, ne pas laisser le doute prendre trop d’essor sur la spiritualité, car comme toute chose point trop n’en faut !
Ce matin (il est 04h30) il n’y pas un seul morceau de toile, de bois ou de papier où je puisse travailler, alors j’écris ces quelques lignes pour exorciser le manque… !
J’ai depuis toujours su qu’il me faudrait (bien que je n’aime pas cela) aider le spectateur face à l’image… ! :
Regarder en se détachant du motif premier pour apprécier ce qui est derrière un décor, une technique, un évènement, un mouvement, une provocation, une obscénité, une imagination débordante, un spectacle, un lieu spirituel, une forme ésotérique ; peu importe, il faut aller au-delà du miroir pour pénétrer les secrets et la pensée du peintre. Primitif peut-être ?
Ne dites pas : « il aurait pu choisir une autre couleur », car vous ne le savez pas, mais le jour (ou la nuit), quand ce tableau a été fait, il n’y avait pas d’autre teinte pas plus que d’autre pastel d’ailleurs dans l’entourage.
Ne dites plus : « il aurait pu choisir un autre support où peindre » car je suis pauvre dans le sens matériel, mais, rassurez-vous, riche en idées et instants de création, aussi je me dois d’utiliser ce que j’ai sous la main pour travailler.
Et surtout, ne rajoutez pas : « tiens on dirait du Munch, du Picasso, du Cocteau, du Cézanne, ou bien encore du Miro et même du Dubuffet ». Non, non et non. Car c’est de moi dont il s’agit et pas d’un autre, c’est du OUSTRIC, tout simplement. Mes peintures et dessins sont mes pensées, les formes et les couleurs sont des mots et là je vous parle… ! J ne vais pas chercher l’imaginaire ou les secrets des autres peintres. Je ne copie pas un maître, d’autres l’ont si bien fait… ! Ma matière première est une matière grise et ça c’est à moi. Je revendique mes techniques haut et fort : l’arrachage, le spontané ou l’accident sont pour moi des moyens. A propos d’accident en peinture, je peux dire qu’il est manipulé, qu’il est le reflet de ma sensibilité, de mon être et cela passe par mes mains, mes doigts à l’aveuglette ou à tatons ; quoiqu’il en soit, je réalise l’accident (c’est paradoxal) auquel je ne crois pas, tout comme au hasard dans la vie.
J’aime la matière, le toucher, le contact avec l’épaisseur, la masse, aussi les peintures acycliques ou vinyliques utilisées avec des pastels gras me permettent (avez-vous essayé de travailler dans quinze mètres carré avec huiles et solvants pendant plus de douze heures par jour ?) d’élaborer cette matière que je vais alors protéger par un vernis final en général pour avoir la tentation de toucher la peinture pour de vrai : toucher la faille, l’accident, le nœud de la branche, l’écrêté d’un plateau, la rugosité de la roche et le parfait de la courbe ; sentir alors la tiédeur d’un souffle sorti de la création, ou le regard insistant d’un être apperçu ! Approchez-vous, regardez donc ! Vivez-le donc !
Pourquoi tant de lumière sur mes peintures ? J’y puise des apparitions même dans la pénombre ou avec un faible éclairage indirect. Essayez-donc !
Une autre remarque importante : j’ai fait une erreur en disant que j’étais dans la peinture et la sculpture depuis trois ou quatre ans. C’est en professionnel, c'est-à-dire en professionnel déclaré aux instances administratives que je faisais allusion. Non bien sûr et vous l’aurez compris, pas de mon arrivée dans l’Art, car cela fait des millénaires que j’y suis… !
Non, je voulais seulement dire que je ne suis pas un peintre du dimanche, mais je travaille entre huit et douze heures par jour et il m’arrive même de ne pas dormir ou de ne pas manger. C’est la passion. Ne dit-on pas que le bonheur c’est d’avoir le travail pour passion et l’amour pour guide ? Je dirais alors que je suis heureux !