Thursday, November 05, 2015

Corse : Le clan et la corruption de la démocratie.

Corse : Le clan et la corruption de la démocratie.

Le système claniste qui a dégénéré par rapport à ses valeurs
initiales d'entraide, de solidarité, d'amitié, est devenu un système de
clientélisme dominant qui étrangle la démocratie, empêche l'émancipation
de la Corse et corrompt totalement la société. Il est la courroie de
transmission, par dynasties interposées, de la politique coloniale. Il
n'est pas soluble dans la démocratie et n'est pas compatible avec un
projet d'une Corse maîtresse de son destin, démocratique et solidaire,
développée. Il doit donc être combattu sans ménagement mais sans
violence.





Le procès de l’Etat français en
Corse n’est plus à faire ; le bilan est désastreux, les retards
structurels considérables, le développement en panne, la précarité et le
chômage sont préoccupants ; les problèmes sans solution – Miot,
Transports maritimes, Urbanisme avec 13 PLU Invalidés, énergie à la
traîne depuis 50 ans, la criminalité impunie….-sont la règle. La
principale raison tient au fait que la France, Pays hier impérialiste,
puis colonialiste et enfin hyper centralisé, a un mode de gestion de son
territoire, périmé, archaïque alors que les autonomies foisonnent en
Europe – plus de 80- ; elle a créé quatre Statuts en Corse pour empêcher
l’Autonomie Interne et il est inconcevable pour elle envisager le
moindre processus de dévolution politique ; sauf si elle y est
contrainte comme hier en Algérie, Indochine, Afrique etc.


Par
contre, l’ennemi intérieur du peuple corse est le clanisme - endogène,
fondu, incrusté, dans la société,- qui a évolué, depuis cinquante ans,
vers l’affairisme et le clientélisme ; 
nous
savons que cette pratique sociale préexistait sous la domination de
Gênes et qu’on la retrouve en Méditerranée et ailleurs. C’était une
adaptation à des conditions politiques, économiques et sociales
instables, précaires ; le regroupement des populations en factions
autour de gens influents, puissants, ayant de l’entregent sur place et
avec l’occupant hier génois et aujourd’hui français, avait pour but de
protéger la famille au sens large, de lui assurer la sécurité, des
activités, des avantages dus ou indus, les honneurs, les rentes. Le deal
était simple : la contrepartie était l’allégeance inconditionnelle aux
protecteurs locaux qui négociaient leurs propres avantages et ceux de
leurs clients avec l’autorité coloniale à laquelle ils étaient soumis.


Jean-Paul de Rocca Serra
Jean-Paul de Rocca Serra


Le bouleversement majeur dans
cette pratique archaïque, est intervenu dans les années 1950, avec
l’introduction  massive de l’argent dans la société corse, due aux
Trente Glorieuses
, à la mise
en valeur de la Côte Orientale avec l’arrivée de Rapatriés en 1962,
avec le développement des marchés publics ; cette évolution a charrié la
corruption financière, le banditisme, l’importance croissante des
mandats électifs dont la conquête a fait muter la fraude électorale,
gentillette, folklorique mais scandaleuse et omniprésente sous l’œil
bienveillant, complice et intéressé de l’Etat ; elle est devenue
systématique, organisée, répulsive, démentielle, étant pratiquée à
égalité, dans une forme de surenchère de la honte, par les deux clans
dominants et leurs obligés : Jean Paul de Rocca Serra et François
Giacobbi. Le suffrage universel a été réduit à l’état de serpillère, a
ruiné la démocratie, perverti la société corse, écœuré la jeunesse et
semé les graines de la radicalisation politique.


François Giacobbi
François Giacobbi


La passivité de l’Etat a été
totale ; aucune sanction pénale, pas de peine d’inéligibilité, aucune
réforme de fond si ce n’est une refonte positive des listes électorales,
imposée par  Pierre Joxe, avortée faute de suivi ; ni aucun contrôle
des Centres de Réformes ou de la COTOREP, ou des marchés publics et des
Adjudications ou du Crédit Agricole, grand dispensateur de la manne
financière. La passivité de l’Etat était la récompense pour le clan, de
sa soumission totale, servile, déshonorante, à Paris ; comble de la
provocation, le clan stigmatisait notre contestation, - nous étions des
irrédentistes, des fascistes- née avec l’affaire de l’Argentella en
1960 ; il  jurait de son attachement à la démocratie,  invoquait la
fidélité à la France,  à la République devenus progressivement et
inévitablement des repoussoirs, par superposition de l’image
« Etat-clan ».


 Le
lit du rejet a été patiemment creusé, dans l’aveuglement, la dénégation
puis la répression, par l’Etat et le clanisme complices
 ;
la naissance de la violence était prévisible, inévitable, devant
l’absence de la démocratie et de l’état de droit –Boues rouges en 1973,
Aléria en 1975 puis le FLNC en 1976- et compte tenu que les droits
élémentaires du peuple corse, niés, méprisés, n’étaient pas défendus par
ceux qui en avaient la charge.


La
novation, importante, introduite en Corse a été le Statut Particulier
de François Mitterrand en 1982, avec la création de l’Université, la
réforme de l’audiovisuel, la suppression de la Cour de sûreté de l’Etat,
la neutralisation des Barbouzes de Francia qui nous a infligé 62
attentats impunis, l’amnistie….. Heureusement que nous, d’autres
nationalistes, des forces de progrès, la jeunesse, les femmes, des
Corses de la Diaspora avons relevé le défi colonial et claniste qui nous
conduisait irrémédiablement au tombeau !!! Et que nous enrayé, dans la
souffrance, le prisons, les deuils, les épreuves, l’incompréhension, la
spirale funeste de notre disparition collective et redonné vie à
l’espérance du peuple, après cinquante ans de luttes acharnées, mettant
ainsi en échec les fossoyeurs patentés et ligués du clanisme et de
l’Etat, tandis qu’ils étaient armés de toute la force de la puissance
publique et ne reculaient devant l’emploi d’aucun moyen. 
Ils
sont seuls responsables en Corse de la violence contemporaine  et
surtout de la naissance et de l’enracinement du sentiment anti-français
en Corse. Aujourd’hui, nos idées sont largement partagées en Corse, dans
la société politique et dans le monde économique ainsi que dans la
diaspora


Camille de Rocca Serra
Camille de Rocca Serra


Le clan a encore muté depuis 1980 ;
confronté à trois statuts particuliers, délayés sur quarante ans, et à
un autre en préparation, là  où un seul Statut d’Autonomie Interne, dans
le cadre de la République Française, aurait suffi  et normalisé la
situation, 
le clan n’a dû sa
survie qu’aux attitudes dilatoires et au soutien de l’Etat, arcbouté
contre les réformes, et surtout qui n’a pas introduit la démocratie dans
la vie publique en Corse, la condition de base de tout changement réel.
L’Etat est certain que le temps joue contre le peuple corse par
l’aliénation du patrimoine et l’arrivée annuelle de 4.000 personnes
environ. Donc, il atermoie !!


Deux clans, deux dynasties dominent la vie publique avec quelques ramifications et fiefs  de moindre importance.

*
celui de Camille de Rocca Serra qui a beaucoup décliné depuis 20 ans et
contrôle désormais peu de centres de pouvoirs, de moyens de pression ;
 il cède sous le renouvellement de ses élus, et sous la perte des postes
d’influence ; le Conseil général de la Corse du Sud a mené une
 politique moins clientélaire, moins contraignante qu’en Haute Corse
dont le pédigree  éthique est affligeant. La Corse du Sud ne connait pas
le climat, les mises en cause sévères et pénales que la Haute Corse
affiche régulièrement.


*
Celui de Paul Giacobbi  qui a une véritable addiction pour le pouvoir ;
 il a construit, méthodiquement, sur la base du legs familial,
dynastique, une véritable machine électoraliste, rodée 
;
il tente aujourd’hui une véritable Opa sur la CTC, lieu symbolique et
réel  du pouvoir corse, et au-delà une Opa sur la démocratie en Corse.
Son succès serait funeste. Il ne sera pas et il sera mis en échec par le
seul moyen de la véritable démocratie, sans aucune violence.


Paul Giacobbi
Paul Giacobbi


La période des emplois
multipliés à l’infini étant presque révolue- tarissement des dotations,
subventions, aides-, il a fallu changer de stratégie. La méthode  de la
soumission politique reste quand même opérationnelle pour assurer,
conforter un socle électoral fragile. (pression sur les appels d’offres,
sur les marchés publics, troc sur les logements….) Par contre, l’homme,
intelligent, a compris que la nouvelle pièce maitresse de la domination
sur la société serait la corruption politique de masse, faisant fi de
la démocratie, des opinions politiques et des idéologies, des électeurs
qu’il suffit de contourner par des artifices.


Paul Giacobbi qui à ce jour, n’a pas le soutien de l’Etat,  a
donc opté pour une option stratégique – la maitrise de l’argent public-
dont le moyen privilégié est la qualité d’ordonnateur de dépenses ; il a
donc réalisé la prise du Conseil Général de Haute Corse dont il a été
le Président, en Mars 1998 jusqu’au mois d’Octobre 2010 ; là, il a assis
son pouvoir sur la ruralité ; puis il a organisé sa succession avec
Joseph Castelli qui a lui-même cédé la place à François Orlandi,- en
2015- tous du sérail.

En
2010, il est devenu président du Conseil Exécutif de Corse ; il a le
poste stratégique irremplaçable puisque qu’il lui assure la maitrise
totale - avec sa majorité, il contrôle  les Agences, Offices, Service
des routes ex)-de la réalisation de tout projet éligible au financement
public.


On
comprend mieux dès lors, comment Paul Giacobbi peut bâtir une liste,
qui ratisse avec efficacité et dont la partie éligible sera composée de
nombreux élus, de personnalités d’influence ou autres porteurs de
projets à financer, apporteurs de suffrages mais toujours demandeurs
divers. La liste de PG comporte vingt trois maires et conseillers
départementaux dont le Président du Conseil départemental de la Haute
Corse !! Eclairant et Edifiant !!!

Un
épisode électoral récent vient démontrer la réalité et l’efficacité du
montage du « système Giacobbi » : un tract de José Galletti, maire,
distribué dans sa propre commune  de Lucciana : il précise « qu’il est
de droite et qu’il reviendra à son choix politique en 2017 » ;  Lucciana
a été bien traitée pour ses nécessités justifiées en investissements ;
« il lui voue de la reconnaissance et incite ses administrés à faire de
même en votant pour Paul Giaccobi aux élections territoriales de
Décembre 2015 » ; « Le débat d'idées demeure à d'autres échelons
électoraux et reprendra ses droits en 2017 ». -Pour l’élection
présidentielle, sans doute- ! Pour l'heure, la consolidation de
l'expansion communale et le devoir de reconnaissance qui s'y rattache
doivent primer ».

 
 Il
précise même, pour étayer sa démonstration : «Nous n'avons au demeurant
pas été les seuls, parmi les communes dites de droite - Du Cap Corse à
Bonifacio, d'Alistro à Porto ce ne sont pas les exemples qui manquent - à
bénéficier de sa vision novatrice du développement des territoires. »
(fin de citations)

L’aveu
cynique, public d’un système de troc : des votes, venant de droite en
l’occurrence, contre l’argent public. La marchandisation du suffrage
universel est revendiquée et a fait école selon Mr Galletti.

 
Ainsi,
un maire, par reconnaissance des services rendus à sa commune, s’enrôle
sous la bannière de PG et ne réalise même pas ce que sa démarche
comporte d’anormal, de cynique - les suffrages contre les
investissements- avec la volonté se généraliser à la Corse ce système
frauduleux, corrupteur de la démocratie, dangereux pour l’avenir d’une
île et surtout d’un peuple, privés de valeurs morales, d’éthique. Et
traité comme une valeur mercantile.


Nul
ne peut plus se prévaloir désormais en Corse, en France, en Europe de
l’ignorance du système claniste, de ses turpitudes, de son projet
néfaste… L’accompagner, l’accepter, le banaliser,  c’est le valider, lui
donner la caution morale, l’encourager à poursuivre dans une voie,
funeste et sans issue.


Les
électeurs ont, en Décembre 2015, le choix démocratique avec des listes
et des candidats non-clanistes, à droite, à  gauche, chez les
nationalistes bien sûr ; il faut les privilégier pour assainir la Corse
sans violence, la développer, lui apprendre l’exercice de la démocratie
et l’enraciner sans appel dans un système qui respecte l’homme, les
valeurs, sa dignité, ses choix, ses libertés alors que le système actuel
qui a échoué en Corse est en pleine déshérence et nous conduit, par con
caractère amoral, ses dérives aggravées en permanence, à l’abîme : 
perte de notre identité collective, de nos terres, violences
généralisées,  non-droit institutionnalisé, société bâtie sur la force
et l’argent, mafia.


Il
faut faire échouer cette Opa sur la Corse et sur la démocratie pour
constituer, sur un programme et un contrat publics, un gouvernement
sain, transparent, de différentes sensibilités, ayant des principes, -
éthique, économie partagée, solidarité, responsabilité- soucieux de
l’intérêt général et dépourvu de toutes relations sulfureuses. . Avec
l’aide des progressistes, de l’opinion et de la conscience
internationales, déjà alertés et donc en éveil, nous parviendrons au
dialogue avec l’Etat puis à un nouveau contrat, respectueux des intérêts
légitimes des parties.


Corse : Le clan et la corruption de la démocratie.



L’Etat sera alors contraint de
nous écouter et d’accéder à une demande d’Autonomie, dans le cadre de la
RF et de l’Union Européenne.

Le peuple corse, habitué des épreuves difficiles, y parviendra. J’en suis certain

Dr Edmond Simeoni
Ajaccio le 31 Octobre 2015

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