Jusqu'à 5 ans avec sursis requis contre les soutiens à la cavale de Colonna
PARIS, 27 mai 2010 (AFP) -
Deux ans ferme ont été requis jeudi contre Yvan Colonna pour avoir détenu des armes lors de son arrestation le 4 juillet 2003, tandis que de 8 mois à 5 ans de prison avec sursis ont été demandés contre cinq personnes soupçonnées de l'avoir aidé durant ses quatre années de cavale.
A l'issue de plus de deux heures de réquisitoire, le procureur Alexandre Plantevin a demandé au tribunal correctionnel de Paris de condamner Patrizia Gattaceca à 4 ans de prison avec sursis et 5 ans de privation des droits civiques. La chanteuse corse a reconnu avoir hébergé Yvan Colonna à deux reprises durant sa fuite, à l'été puis à l'hiver 2002.
Le parquetier a requis la même peine à l'encontre du gérant de camping André Colonna d'Istria.
C'est une peine plus forte - 5 ans avec sursis et privation des droits civiques - qui a ensuite été requise contre Marc Simeoni, le fils du leader nationaliste Edmond Simeoni.
Alors que des empreintes d'Yvan Colonna ont été retrouvées dans son appartement de Bastia et que des commandes ont été passées sur internet avec sa carte bancaire pour acquérir des biens retrouvés en possession du fugitif, ce consultant en management a toujours nié avoir caché Colonna.
Dix-huit mois de prison avec sursis ont aussi été requis contre Frédéric Paoli, propriétaire de la bergerie d'Olmeto où Colonna a été interpellé le 4 juillet 2003 et 8 mois avec sursis à l'encontre du beau-frère d'Yvan Colonna, Claude Serreri, qui a reconnu lui avoir rendu visite à trois reprises dans cette bergerie.
Par ailleurs, le procureur a demandé au tribunal de prononcer une peine de 2 ans d'emprisonnement contre Colonna, poursuivi pour détention illégale d'armes. Le jour de son interpellation, les policiers avaient découvert une grenade, un chargeur et des munitions dans son sac à dos.
Le procureur Plantevin a longuement brocardé "des hôtes accueillants mais silencieux". Alors que depuis leur mise en cause, tous les prévenus démentent la thèse d'un "réseau", il a parlé de "cinq petites mains besogneuses d'un réseau structuré".
"Vous avez face à vous une galerie de portraits : un berger, une artiste, un chef d'entreprise, un hôtelier, un gérant de bar". Tous, "ils ont décidé à un moment d'apporter leur aide à Yvan Colonna".
C'est contre Marc Simeoni et Patrizia Gattacceca que le procureur a eu les mots les plus durs.
"Marc Simeoni, c'est l'image de la réussite personnelle et professionnelle", "un homme apprécié et respecté de tous", qui le 20 janvier 2003 a "prêté serment d'apporter son concours à la justice", alors qu'il allait être inscrit sur la liste des experts de la cour d'appel de Bastia.
"Il prête serment alors qu'il est déjà en train de le trahir !", "la main droite levée alors que la main gauche héberge...", s'est indigné le parquetier. Quant à Patrizia Gattacceca, "c'est la fierté corse", a-t-il ironisé. Selon elle, a-t-il rappelé, c'est "tout un peuple" qui serait aujourd'hui à la barre.
Mais "tout ceci n'est qu'une imposture", a-t-il dénoncé, assurant qu'il ne s'agissait "pas du procès de la Corse, mais du procès d'un clan, d'une famille qui s'est arrogé le droit de parler au nom de toute la Corse".
"Il vous faudrait trouver d'autres idoles pour vos enfants que cette triste figure qui est dans le box", a-t-il conclu en pointant Colonna. "Vivre dans un état de droit induit de se plier à des principes, à des règles qui parfois nous déplaisent".
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