Thursday, November 25, 2010

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Le secret défense, l’oeuf et la poule
Ni jupes, ni soumises
De la roue à livres à la table Ipad
Le web social ou la redéfinition de la valeur
Le secret défense, l’oeuf et la poule
Posted: 25 Nov 2010 09:49 AM PST
Le 22 novembre, le ministre de la Défense Alain Juppé annonçait sur RTL la déclassification des “documents qui pourraient intéresser les juges d’instruction” dans l’enquête sur l’affaire des rétrocommissions sur les ventes de sous-marins Agosta au Pakistan (l’un des deux volets du “Karachigate”). Une respiration plus tard, il exprimait catégoriquement son refus de voir des magistrats accéder aux locaux de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), invoquant la “crédibilité” du renseignement français. Dans l’enregistrement off du point presse de Nicolas Sarkozy au sommet de l’OTAN à Lisbonne, fourni par notre confrère David Dufresne, et retranscrit dans le quotidien du 24 novembre, le président de la République semble suivre le même cheminement langagier:

Je ne suis pas d’accord pour qu’on déclassifie le… le… m’enfin écoutez… On ne va pas tout déclassifier pour que les services secrets du monde se disent “l’information qu’on donne, ça va sortir”. Je ne suis pas… J’ai le sens de l’Etat. Mais pour les documents… A ma connaissance, il n’y en a pas un seul qui ait été refusé.

Derrière les éléments de langage, la donne est relativement claire, exprimée dans le distinguo que fait lui-même Alain Juppé: “Il y a deux aspects, la déclassification des documents, qui relève de la compétence des ministres, moi en l’occurrence, et la déclassification des lieux, qui est entre les mains du Premier ministre”.

Décrédibilisation de la perquisition

Dans ce schéma flou, un noeud gordien, la CCSDN, la Commission consultative du secret de la défense nationale, une autorité indépendante créée en 1998 mais dépendant des services de Matignon. Depuis la loi de programmation militaire de juillet 2009, qui fixe les grandes lignes de la défense jusqu’en 2014, les juges d’instruction qui souhaitent consulter des documents classifiés pour les verser à leur dossier (comme c’est le cas pour Renaud Van Ruymbeke et Marc Trévidic) doivent demander l’autorisation au ministre concerné, qui répercute la requête à la commission. Ils sont ensuite obligatoirement accompagnés d’un membre de la CCSDN lors d’une éventuelle perquisition, comme le précise l’article 56-4 du texte:

Lorsqu’une perquisition est envisagée dans un lieu précisément identifié, déclaré à la commission consultative du secret de la défense nationale comme susceptible d’abriter des éléments couverts par le secret de la défense nationale, la perquisition ne peut être réalisée que par un magistrat en présence du président de la commission consultative du secret de la défense nationale. Ce dernier peut être représenté par un membre de la commission et être assisté de toute personne habilitée à cet effet.

Aux yeux de Matthieu Bonduelle, Secrétaire général du Syndicat de la Magistrature (deuxième organisation derrière l’Union syndicale de la magistrature), cette nouvelle disposition n’induit pas seulement “un risque de fuite supplémentaire”, elle “décrédibilise également le principe-même de la perquisition”. Le magistrat n’est d’ailleurs pas tendre avec la CCSDN et sa composition. “Idéalement, nous aurions préféré qu’elle soit élue à la majorité qualifiée, regrette-t-il. Il manque également une voie de recours, permettant par exemple de contester une classification devant une cour d’appel habilitée secret défense”.


Vue aérienne du siège de la DGSE, boulevard Mortier

Auditionné en novembre 2008 par la Commission de la défense nationale, Hervé Morin, alors ministre de la défense, avait déclaré que la situation n’était “pas satisfaisante”, estimant qu’il fallait “engager des discussions avec les syndicats de magistrats, lesquels comprennent que le secret défense doit être au moins de même niveau que le secret médical ou le secret liant l’avocat à son client”. A l’époque, le Conseil d’Etat avait recommandé au législateur de “compléter les règles de procédure applicables et de fixer précisément les conditions dans lesquelles peuvent être saisis et mis sous scellé des documents classifiés dont l’autorité judiciaire ne peut savoir s’ils sont utiles à son instruction”.

19 lieux classifiés

Tout en reconnaissant les failles d’un système bâti sur une terre trop meuble, les syndicats de magistrats s’étaient élevés contre un texte “dangereux”, dénonçant notamment un aspect précis du chapitre VI: la classification des lieux, prévue par l’article 13 de la loi de programmation militaire, “à raison des installations ou des activités qui s’y abritent”. Un arrêté et deux décrets plus tard, le Premier ministre créait une liste de 19 sites classifiés. Si le texte apparaît sur Legifrance, la fameuse liste est à chercher dans une annexe… classifiée. Désormais, avant de perquisitionner un lieu, un juge d’instruction doit envoyer une demande à la CCSDN pour se renseigner sur son éventuelle classification. Et comme l’a prouvé François Fillon, cette décision échoit au Premier ministre: le 23 novembre, il a refusé que le juge Van Ruymbeke perquisitionne les locaux de la DGSE.

Sur le principe, Matthieu Bonduelle s’émeut du principe de classification des sites, qui pourraient devenir des zones de non-droit:

A la rigueur, je peux comprendre qu’on prenne des dispositions particulières pour une base de sous-marins nucléaires. Et encore. La classification des lieux n’a pas de sens, elle ralentit considérablement la procédure, en plus d’être démocratiquement discutable.

Comme le précise le dernier rapport d’activité de la commission consultative sur le secret de la défense nationale, “la liste [...] peut comporter des catégories de locaux, classés par département ministériel [...] ou dans le cas contraire, des localisations individuelles”. En outre, celle-ci est régulièrement actualisée, et transmise au ministre de la justice, qui met en place un accès sécurisé à la liste pour permettre “à chaque magistrat de vérifier si le lieu dans lequel il souhaite effectuer une perquisition figure dans cette liste”. Comme l’ont montré les déclarations gouvernementales, il est bien plus aisé d’obtenir un accès aux documents qu’un badge pour pénétrer les lieux classés secret défense.



Horizon 2014

Aux Etats-Unis, en vertu du Freedom of Information Act, tout citoyen peut réclamer un accès à des documents classifiés, et bien souvent, obtenir gain de cause. Des sites tels que Secrecy News ou Cryptome fonctionnenent même par ce truchement. En France, rien de tout cela. Préoccupé par une telle opacité (notre pays se hisse à une piètre 25e place dans le dernier classement (PDF) de l’ONG Transparency International, entre l’Uruguay et l’Estonie), le député UMP des Ardennes Jean-Luc Warsmann, président de la Commission des lois, avait proposé dès juin 2009, pendant l’examen du projet de loi, que la liste soit réexaminée tous les cinq ans:

Que la liste des lieux classifiés soit rendue publique, que la classification d’un lieu ne soit pas valable ad vitam aeternam mais seulement pour cinq ans, cela permet un contrôle démocratique, et cela évite que les choses s’enkystent. À cela s’ajoute la possibilité pour le président de la commission d’aller voir sur place.

Adopté, cet amendement fixe donc une date de parution au Journal Officiel: 2014, sans même qu’elle soit coercitive. Les instructions menées par les juges Van Ruymbeke et Trévidic tiendront-elles jusque là?

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Crédits photo: Flickr CC rpongsaj, aslakr



Ni jupes, ni soumises
Posted: 25 Nov 2010 08:28 AM PST
Ce 25 novembre 2010 est, sur l’initiative de l’association Ni Putes Ni Soumises, la journée « Toutes En Jupes ».

Toutes les jambes, épilées ou non, sont donc appelées à porter une jupe aujourd’hui, pour symboliser leur refus des violences faites aux femmes. Non mais, What The Elle ?

L’adhésion à cette opération d’à peu près toute la presse féminine, d’environ 150 000 utilisatrices de réseaux sociaux, d’Isabelle Adjani (marraine de cette journée, avec un clin d’œil appuyé au film La journée de la jupe dans lequel elle s’est magistralement illustrée), de Carole Bouquet, Sophie Marceau, Agnès Jaoui (Agnès, que fais-tu là ?), Fanny Ardant, Claire Chazal, Elisabeth Badinter (Elisabeth, que fais-tu là-dedans ?), Audrey Pulvar, Amélie Nothomb, Zazie, Charlotte Gainsbourg -qui vont toutes vendre aux enchères une de leurs jupes pour financer la construction d’appartements-relais pour recueillir les femmes battues et leurs enfants, ce qui est bien sûr une bonne chose- me laisse perplexe.

Pourquoi ? Parce que…



Je porte une jupe si je veux

Qu’une association, vantant l’insoumission jusque dans son titre, somme les femmes de porter une jupe me fait rire jaune. On ne combat pas la société machiste en intimant aux femmes de porter tel ou tel vêtement. Qu’on soit une femme soi-même ou pas. Qu’on prétende défendre le droit des femmes, ou pas.

J’ai beau tomber sous le coup, comme toutes les Françaises, du décret du 26 Brumaire, an IX de la République napoléonienne (1892), toujours en vigueur, qui veut que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation » et précise que « cette autorisation ne peut être donnée qu’au vu d’un certificat d’un officier de santé », je ne me suis jamais fait arrêter pour port outrancier de jean. Et j’ai bien l’intention que cette tolérance dure, y compris de la part des nanas, sans encourir le risque d’être blâmée pour manque de solidarité féminine.

Il caille, en plus !

Qui n’a jamais filé ses bas par excès de chair de poule me jette le premier flacon de vernis-à-ongles transparent.


Journée de la jupe, journée de la dinde: coincidence?

Z’auriez pu trouver meilleure date…

On n’est pas aux États-Unis d’Amérique, d’accord, mais on est au courant de ce qui s’y passe : or, aujourd’hui, aux USA, c’est Thanksgving, autrement dit, la journée de la dinde.

Le parallèle des titres dans les médias, Journée de la Jupe/Journée de la Dinde, n’est pas des plus délicats.

On ne revendique pas un droit à l’indifférence en marquant sa différence par un accessoire d’apparence

D’autres communautés, pour ne pas écrire « minorités » car les chiffres me feraient mentir, ont bien compris cela.

Comme à peu près toutes les filles de ma génération occidentale, je rêve de ce jour où toutes les femmes naîtront égales aux hommes, en droits (comme en devoirs), dans la réalité des faits, et pas seulement dans les textes de loi. Mais au risque d’en faire glousser certaines, mon rêve implique que je ne revendique pas des traitements de faveur à mon sexe, dont je ne voudrais qu’on excuse la « faiblesse » que quand ça m’arrangerait. J’en ai assez de ce paradoxe qui fait qu’on veut gagner, à travail égal, salaire égal, tout en s’offusquant qu’on ne nous tienne pas la porte. On a aussi le droit d’être cohérentes, à un moment.



Ailleurs dans le monde, on le prend(rait) comment ?

On peut s’accorder sur le postulat suivant : l’avancée sociale passe aussi (surtout ?) par les symboles. Soit, pouvoir porter librement une jupe n’est pas une coquetterie. Il est vrai que j’en porte plus volontiers dans le Sud qu’à Paris, parce que c’est culturellement moins “dangereux” dans des contrées où la première explication qui vienne à l’esprit est le bon sens climatique. A Paris, si vous portez une jupe, c’est potentiellement pour inciter à regarder en-dessous… A Marseille, c’est tout bêtement parce qu’il fait chaud.

Ok, c’est vrai que j’ai souvent laissé ma mini ou ma plissée au placard pour éviter de me faire emmerder dans le métro. Mais ce qui compte le plus selon moi, c’est que j’ai le choix. Ailleurs, là où on ne l’a pas, que penserait-on de cette initiative ? Le symbole est-il assez fort pour qu’on ne rie pas jaune de ces actions de “soutien” ? J’en doute… Et vous ?



- Article initialement publié sur Izine sous le titre ”Ni en jupe, ni soumise”

- Images CC: Sarah Korf, ExCharmCityCub, Thirteen Of Clubs, Yummiec00kies



De la roue à livres à la table Ipad
Posted: 25 Nov 2010 07:40 AM PST
Titre original : Ameublement cognitif


D'abord la "Roue à livres"

On savait déjà que les fauteuils étaient, de manière périphrastique, des “commodités de la conversation“. Mais il est d’autres meubles, et nous le verrons, depuis longtemps, qui jouent ou ont joué un rôle essentiel dans “l’assise” de notre lien cognitif au monde.

Or donc. Je suis tombé ce matin, sur un billet de (l’eeeeexcellent) blog Graphism.fr, présentant une version de la table “salsa” du designer Bram Boo, version équipée de 4 Ipads intégrés. Et là, la vision de cette table Salsa équipée d’Ipads rapprochée de la lecture du titre du billet (“voici la mort de la bibliothèque ou son renouveau“) a immédiatement fait surgir une autre image : celle de la “roue à livres” d’Augusto Ramelli.

Les images en question

Tout ce qu’il faut savoir sur cet étrange objet est à lire dans ce billet du blog du bibliophile. Du point de vue cognitif, ou si l’on préfère, du point de vue de l’histoire des supports d’inscription de la connaissance, la roue à livres arrive à un moment où il devient essentiel de pouvoir mettre les textes en résonance, de les comparer, un moment où il est également nécessaire de pouvoir lire plusieurs ouvrages simultanément pour faire le tour (de roue) d’un sujet, d’un domaine, d’une question. Bref, la roue à livres incarne davantage qu’elle n’inaugure le modèle de la bibliothèque d’étude.




Ensuite la Table Salsa Ipad.

Une table dont Graphism.fr nous rappelle la particularité : “être un ensemble de chaises/bancs conçus pour quatre personnes avec quatre iPad intégrés. Chaque utilisateur se trouve ainsi dans une direction différente mais tous avec un iPad sous les yeux.”

Pourquoi penser à la roue à livres en découvrant la table à Ipad ?

Parce que la table à Ipad, dont la finalité première est de pouvoir équiper – notamment – les bibliothèques, me semble emblématique d’un nouveau rapport cognitif au savoir, comme le fut la roue à livres en son temps.

La table à Ipad vise au rassemblement des “lecteurs” quand la roue à livres leur offrait un isolement nécessaire. Il s’agit de mettre 4 personnes en situation de rassemblement (= “sur” et non pas “autour” d’une même table) mais en préservant, par défaut, leur “intimité” en les orientant différemment (c’est à dire en “organisant”, en “scénarisant” l’absence de face à face), et tout en incluant (et en induisant fortement) dans le dispositif (la table) la possibilité d’une transition facile vers une rupture de cette intimité au profit d’une collaboration duale prioritaire, mais pouvant également être élargie à l’ensemble des personnes “en co-présence” autour de ladite table.



Ingénierie de la proxémie

La table à Ipad est un outil qui relève d’une ingénierie de la proxémie. (la proxémie étant l’étude des distances mesurables entre des personnes – ou des animaux – qui interagissent pour en déduire des données comportementales).

Scénariser le lien, qu’il soit “hypertexte” ou “social”. Là où son lointain ancêtre (la roue à livres) visait précisément à se focaliser sur un seul type d’interaction (entre l’homme et les livres), en jouant l’isolement du lecteur – postulé comme nécessaire – et en intensifiant et dé-multipliant le seul rapport à l’objet-livre, la table à Ipad scénarise différemment la nature du lien social en bibliothèque.

Pour une raison “simple” : le dispositif technologique contenant – possiblement – tous les livres, point n’est besoin de scénariser le chemin d’accès à la lecture, toutes les lectures étant là encore possiblement contenues dans un si petit objet. L’accent peut donc être mis sur le meilleur moyen de rebâtir autour de l’objet lui-même, c’est à dire, en fait, autour de la connaissance qu’il contient et donc de la bibliothèque elle-même, un espace qui autorise l’isolement sans interdire, et en facilitant le rapprochement.

Les bibliothèques ont à mon avis beaucoup à glaner du côté de cette ingénierie de la proxémie. Certaines y réfléchissent d’ailleurs déjà depuis pas mal de temps (enfin j’espère).

Deux ingénieries connexes. Au fond, c’est peut-être cela le seul vrai learning center : tous les livres dans des Ipad, des Ipad “dans” des tables, des gens disposés autour, des interactions qui se mettent en place. Une ingénierie de la proxémie au service d’une autre ingénierie déjà bien avancée, celle de la proxémie d’en-dedans du dispositif technologique (l’ipad) : c’est à dire la manière dont s’effectue la navigation entre des contenus venant eux-mêmes de strates cognitives parfois radicalement diverses (journaux, livres, jeux, etc.). De cette ingénierie là également (qui correspond grosso modo à ce que l’on nomme habituellement la “navigation”) il faut s’emparer.

Moralité. Si elles veulent s’emparer des enjeux de la révolution cognitive de notre époque, les bibliothèques (ou les learning centers …) de demain ont aujourd’hui tout intérêt à embaucher massivement des anthropologues (proxémie – interactions dans l’espace), des ergonomes (navigation dans les contenus), et des designers qui permettront d’articuler l’ensemble.

>> Article initialement publié sur Affordance

>> source (photos non Creative Commons)

>> Illustration pour OWNI de Elliot Lepers



Le web social ou la redéfinition de la valeur
Posted: 25 Nov 2010 01:43 AM PST
Si l’on accole l’adjectif social au mot web (on l’a fait pour à peu près tous les termes existant: entreprise, démocratie, raison, etc.), c’est que dans l’optique d’un réseau on met l’accent sur les chaînes relationnelles. Si ces chaînes relationnelles, introduites par les rencontres sur le web, étaient identiques à celles construites dans tout type de société, locale ou nationale, le distinguo s’arrêterait là et nous pourrions clore le débat. Heureusement, ce n’est pas le cas, et l’on peut parler du web social comme d’une entité particulière, un construit commun sur un construit technique.

L’apparition du web social s’est faite avec le constat d’un mouvement de désintermédiation globale au sein de la sphère publique, mouvement analysé par Yochai Benkler dans son ouvrage sur la richesse des réseaux. La question centrale du web social, pour le moment, reste donc celle de la crise institutionnelle que nous subissons en héritage du monde industriel.

Repositionnement global de l’action

Il suffit de lire Balzac au moment des Illusions perdues pour observer que l’apport institutionnel du XIXème siècle, avec le développement massif des médias et de la presse, est le triptyque suivant: politique, affaires et culture de masse. Ces fondements sont remis en cause au nom de cette désintermédiation de la société, par la croissance de chaînes relationnelles parallèles qui échappent à ce jeu d’intérêts croisés qui s’était progressivement formalisé jusque dans son aboutissement: la culture dominante télévisuelle.

Le problème soulevé par le web social, c’est que la perte de cette position centrale demande un repositionnement global de l’action et du discours d’à peu près tous les acteurs institutionnels de la société pour justifier à nouveau leur existence et ceci sans garantie même de survie, disons le net, ils n’ont pas le choix: l’entreprise, le journalisme, les représentations légales, etc.

L’un des traits marquants de cette crise institutionnelle est qu’elle coïncide avec une crise d’efficacité économique. Et ceci a été mis en valeur par Umair Haque. Il serait impossible de justifier l’une par l’autre, mais la découverte de cette coïncidence est proprement géniale.



Crise de la valeur

Il ne s’agit pas de la crise des valeurs, mais d’une crise de la valeur. Lorsque l’on parle de crises de valeurs, généralement c’est pour réclamer un retour à un certain ordre moral compassé. Rien de bien nouveau car on peut librement attribuer cela à l’éternelle danse des moeurs, relâchement et resserrement au cours des siècles.

Une fois qu’on a remarqué l’association de l’inefficacité économique dévoilée par la crise financière avec l’inauthenticité des formes de représentation institutionnelle dévoilée par la désintermédiation, le repli social indique la voie vers une rupture naturelle : une redécouverte de la notion de valeur qui ne devient possible qu’avec la redéfinition du sens de l’action entrepreneuriale et, allons plus loin, politique. Tout se passe et s’écrit comme si la redécouverte du bon sens ou du sens commun devrait s’opérer avec la nécessaire redécouverte de la valeur d’usage comme d’utilité personnelle autant que d’utilité commune.

Le miroir du web fait que les personnes peuvent à présent s’identifier avec l’image d’une culture projetée plus authentique et débarrassée de ses artifices. Tout ce qui ne cadre plus dans cette logique reste à la porte, voire pire, peut se retrouver décriée jusqu’à la catastrophe, comme en atteste l’affaire du Logo de la marque GAP.

Et c’est la seule chose dont on peut être à peu près certain: s’il y a génération de valeur ou de richesse par le truchement du Web social, c’est le plus souvent une valeur non-apparente ou cachée et qui ne se traduit pas couramment en monnaie classique mais qui fait curieusement sens pour l’ensemble.

Le reste c’est du business model. On devrait toujours se poser la question suivante avant d’innover : pourquoi l’univers de l’Internet et du web semble hyper-résistant depuis quinze ans à la réalisation d’innombrables business models ?

Et ce que l’on appelle le web social n’aura de cesse d’y répondre à chaque fois qu’on le consultera.

Billet initialement publié sur Net & Sans Détour

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Crédits photo: Flickr CC Sreejith_K, victoriapeckham



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