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Publié le 10/11/2010 à 10:53 Le Point 307
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Publié le 10/11/2010 à 10:53 Le Point 307
Claude Allègre : mon plaidoyer pour Nicolas Sarkozy
Eloge. De gauche, mais en rupture avec le PS, l'ex-ministre réhabilite les réformes du président.
Par Claude Allègre
Claude Allègre : mon plaidoyer pour Nicolas Sarkozy
Claude Allègre © Chesnot / Sipa
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Le conflit sur la réforme des retraites s'estompe, laissant la France hébétée et un peu groggy au moment où nous avons besoin de toutes nos ressources pour sortir de la crise. Les bonnes âmes, un peu gênées de justifier un mouvement excessif contre une réforme qu'elles savent nécessaire, disent : "C'est un mouvement anti-Sarkozy, le refus global d'une politique." Certes, le président apparaît très impopulaire dans les sondages. Mais cette situation n'est-elle pas subjective, due à l'hyperprésidence et aux maladresses multiples qui lui sont associées, ou est-elle justifiée par la politique qu'il a effectivement menée ? Peut-on sortir de l'irrationnel, de l'émotionnel et du sectarisme et faire un bilan réaliste de cette présidence ? Désormais spectateur définitif de la politique, n'ayant plus de lien partisan et très attaché à mes convictions et plus encore à ma liberté de pensée et d'expression, je tente la gageure.
Commençons donc par les retraites. Fallait-il faire cette réforme ? Oui. Fallait-il la faire si vite ? Oui encore, sinon nos caisses de retraites, alors en quasi-faillite, auraient été obligées de baisser les pensions. Les personnes âgées le savent très bien ! Souvenez-vous que Michel Rocard jugeait cette réforme urgente en 1988, que Lionel Jospin voulait la faire en 2000. Force est de constater que c'est Balladur et Fillon qui l'ont amorcée, et Sarkozy et Fillon qui l'ont bouclée. Pour autant, la réforme est-elle parfaite ? Bien sûr que non, et il faudra la compléter et l'infléchir sur bien des points, notamment la prise en compte des métiers pénibles. Mais la mise en place, dans quelques années, d'un système par points ouvre la voie vers une retraite choisie. C'est désormais une perspective intéressante. Alors que nous allons vers une espérance de vie qui dépassera bientôt 90 ans, peut-on continuer de s'arrêter de travailler à 60 ans ? Le simple bon sens nous dit que ce n'est pas possible !
En filigrane des mouvements sociaux, j'ai perçu une dévaluation du travail qui m'a choqué. Et les préoccupations de certains lycéens ou étudiants pour leur retraite m'ont affligé. Ils sont heureusement une minorité, car, sinon, la France serait dans une bien mauvaise posture. Chemin faisant, Nicolas Sarkozy a montré qu'il savait résister aux défilés et aux manifestations. Il n'y a pas de légitimité démocratique de la rue face aux urnes, pas plus qu'il n'y a en démocratie de légitimité des sondages. La rue, c'est un cri d'alarme auquel il faut prêter attention, ce n'est pas une injonction démocratique. La légitimité, c'est la représentation nationale librement élue !
Par ailleurs, Sarkozy a montré qu'il savait aussi ne pas plier pour défendre un ministre qu'il juge capable et honnête. C'est une vraie innovation !
L'épisode des retraites n'est pas l'unique événement où la détermination et le courage de Nicolas Sarkozy ont été décisifs. Quand la crise a éclaté, il a créé le G20, entraînant une Amérique de Bush apeurée et pourtant responsable de tout. On a pu ainsi dresser les prémices d'une solidarité mondiale, évitant du même coup les réflexes du chacun-pour-soi et d'une guerre de dévaluations compétitives qui aurait amené le chaos mondial. Dominique Strauss-Kahn a été un allié précieux dans cette action.
A-t-on oublié aussi qu'avec Gordon Brown Sarkozy a entraîné l'Europe dans une action solidaire de recapitalisation des banques alors que l'Allemagne tardait à réagir ?
Plus important, se souvient-on qu'en garantissant les crédits des banques il a stoppé net la panique qui avait saisi les épargnants au point qu'ils étaient prêts à vider leurs comptes, ce qui aurait été un pur désastre ? Certes, le combat n'est pas terminé, mais au moins on a évité 1929 ! Même si j'aurais préféré que l'Etat prenne provisoirement des actions des banques. Nous aurions alors empoché une vingtaine de milliards dans l'opération. Quant à la stratégie économique adoptée pour la France dans la crise, elle se situe dans le difficile équilibre entre une nécessaire rigueur et un refus d'étouffer la croissance. Chemin faisant, je me suis réjoui de voir Sarkozy rejoindre le camp des keynésiens.
En politique internationale, la France est à nouveau en bons termes avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde ou le Brésil. Au Moyen-Orient, notre amitié avec Israël a été réaffirmée dans un discours à la Knesset auquel j'ai assisté et que François Mitterrand aurait applaudi, et en même temps notre réconciliation avec la Syrie permet à nouveau à notre diplomatie d'être efficace. Bien sûr, je trouve que le merveilleux projet d'Union de la Méditerranée n'avance pas assez vite, mais est-ce la faute de Sarkozy, qui l'a lancé ?
Lorsqu'on examine la politique intérieure de la France, il y a aussi des innovations porteuses d'avenir. Comment l'universitaire que je suis ne serait-il pas sensible à la priorité budgétaire donnée à l'université ? Je crois depuis longtemps que ce domaine est la clé de l'avenir de la France, mais je n'ai jamais réussi à faire totalement partager ce point de vue au Parti socialiste. L'effort financier entrepris depuis trois ans n'a aucun équivalent depuis le premier gouvernement du général de Gaulle.
Et pourtant, c'est un effort qu'il faudra doubler si l'on veut atteindre une situation comparable à celle des États-Unis.
Quant à l'autonomie des universités, elle avait été réclamée au colloque de Caen réuni autour de Pierre Mendès France dans les années 60... Force est de constater que c'est Sarkozy et Fillon qui l'ont réalisée.
C'est vrai que bien des collègues universitaires me disent chaque jour pis que pendre de la mise en oeuvre de cette politique : les salaires des enseignants-chercheurs restent insuffisants pour arrêter l'hémorragie des meilleurs vers l'étranger, le logement étudiant n'a pas bénéficié d'une impulsion suffisante, la réunionite recommence à sévir dans nos universités et le gigantisme universitaire, qui n'a jamais été un gage de qualité, prend un essor inquiétant, etc. Cette non-reconnaissance par les universitaires de l'immense effort accompli est en soi un problème. Mais l'impulsion qui a été donnée sera, j'en suis sûr, pérenne. C'est un pari sur l'intelligence. Qui osera revenir là-dessus ?
L'idée de créer un ministère associant écologie, énergie et aménagement du territoire n'est-elle pas, par ailleurs, la meilleure manière pour que les impérieux problèmes écologiques soient pris en compte en les intégrant pleinement dans l'économie ? Même si le Grenelle de l'environnement est aujourd'hui très critiqué par de nombreux économistes, avec des arguments sérieux sur les hyper-subventions mises en place pour l'éolien ou le photovoltaïque (que Bercy vient d'ailleurs de rogner), l'initiative était bonne. Sans doute trop d'arrière-pensées politiques ont-elles été associées au Grenelle. On peut citer la velléité d'une taxe carbone franco-française, l'oubli du nucléaire, celui des OGM. L'oubli des problèmes de l'eau, de la géothermie y a été une lacune grave. Mais l'impulsion initiale va petit à petit transformer en profondeur notre pays et son rapport avec la nature, l'espace et le développement. Ce ministère sera l'instrument qui permettra de construire une écologie qui ne tourne pas le dos au progrès et sera l'un des moteurs de la nouvelle croissance.
La modernisation de l'aménagement du territoire constitue un autre chantier ouvert. La loi de décentralisation, que de Gaulle jugeait nécessaire, mais que ni Pompidou ni Giscard n'avaient eu le courage de faire, est l'un des grands apports de la gauche à la modernisation de notre pays. Elle a permis de rapprocher les décisions du citoyen. Mais, au cours du temps, les structures se sont complexifiées. On a ajouté des strates sans jamais en supprimer : commune, communauté de communes, pays, département, région, Etat, Europe. Ne faut-il pas simplifier le mille-feuille ? Si on ne le fait pas, la France mourra asphyxiée par la bureaucratie et le citoyen s'éloignera un peu plus de la politique. Je ne partage pas nécessairement toutes les dispositions de la réforme territoriale, mais je trouve que s'y être attaqué est un acte courageux. Encore faudra-t-il dans le même temps simplifier la réglementation et alléger les structures étatiques qui souvent doublonnent avec celles des collectivités. Et pourquoi ne pas réformer le Sénat pour en faire un Bundesrat à l'allemande, rapprochant du même coup les structures de la France et de l'Allemagne ?
Dans le même esprit, ne faut-il pas essayer d'adapter notre territoire au monde moderne : essayer de faire émerger un Grand Paris, muscler les capitales régionales, tenter de simplifier les cartes judiciaire et hospitalière ? Certes, en faisant cela, on va supprimer des élus, muter des fonctionnaires et donc susciter des oppositions farouches. Mais faut-il préférer le confort routinier de quelques-uns à l'intérêt général ?
A l'inverse, je n'ai pas aimé l'épisode des Roms. Il était inutile et maladroit. Fustiger une population fragile, repoussée de partout, ne correspond pas à notre tradition. Mais je n'ai pas aimé davantage les réactions outrancières de Michel Rocard, Dominique de Villepin ou Viviane Reding. Ces domaines sont humainement délicats, mais ne soyons pas naïfs : les nomades créent souvent des situations difficiles à maîtriser. Tous les maires vous le diront, surtout depuis l'imparfait traité de Schengen.
Au fond, mon désaccord est politique. L'idée de faire des clivages entre les partis de gouvernement sur des sujets comme l'immigration ou la sécurité me paraît mauvaise. Ce sont deux sujets bien distincts, mais hélas parfois liés. Pour résoudre ces problèmes sociétaux essentiels dont l'importance va devenir croissante, en raison de la démographie mondiale et du chômage chronique, il faut chercher un consensus national droite-gauche. Et c'est possible ! Ni le gouvernement de Lionel Jospin ni les maires socialistes n'ont été laxistes sur ces sujets. Il faut définir une politique qui, tout en respectant les traditions d'hospitalité et d'humanisme, ne soit ni laxiste ni naïve.
Sur le plan de la démocratie, on fait par ailleurs à Nicolas Sarkozy un procès qui me paraît profondément injuste. J'ai applaudi en son temps la réforme constitutionnelle qu'avaient approuvée aussi bien Jack Lang que Guy Carcassonne. Pourquoi l'avoir combattue férocement, comme l'a fait l'opposition ? L'apprenti dictateur que certains nous décrivent a eu l'idée " étrange " de s'interdire plus de deux mandats et donc de gouverner moins longtemps que Mitterrand. C'est bien lui qui a donné aux députés le droit de fixer un tiers de l'ordre du jour de l'Assemblée, leur permettant un meilleur contrôle du gouvernement.
Pourquoi a-t-il nommé un socialiste à la tête de la commission des Finances de l'Assemblée et un autre à la Cour des comptes, chargée de contrôler les finances du gouvernement ?
Pourquoi a-t-il nommé un ancien conseiller de François Mitterrand au Conseil constitutionnel, évitant par là que la gauche y soit absente ?
L'idée de saisine du Conseil constitutionnel était-elle dangereuse ? En tout cas, le succès ne se dément pas, comme l'a montré le débat ouvert sur le thème de la garde à vue. Ce sont là bien sûr les stigmates d'un ennemi de la démocratie...
N'empêche, me direz-vous, qu'il est impopulaire et détesté par certains, notamment les jeunes.
La première raison de ce désamour, c'est la crise. Les courbes de popularité de Zapatero, d'Angela Merkel ou le cuisant échec du très pédagogue Barack Obama suffisent à démontrer cette évidence. Tous ces responsables sont victimes de la dépossession démocratique de l'économie !
La seconde raison se trouve dans les réformes entreprises et menées au pas de charge. Sarkozy considère que la France a pris un retard considérable dans la dure compétition internationale et que la rapidité de la réforme est une condition de sa survie. Il a voulu faire en trois ans ce que ses prédécesseurs auraient dû faire en trente. Il a cru que la France était une Ferrari, or c'est un tracteur. Cette volonté boulimique de réformes énerve et inquiète. Le Français aime qu'on lui parle de réformes pourvu qu'elles ne s'appliquent pas à lui !
Mais il y a aussi un désamour plus profond, presque viscéral, qu'il ne faut pas ignorer. Je connais Nicolas Sarkozy depuis 2003, quand des échanges épistolaires violents nous avaient opposés sur la Corse. Depuis, il me reçoit de temps à autre. J'ai pu constater le caractère sympathique de cet homme, qui cherche à plaire, bien sûr, mais qui écoute, argumente, dialogue, sans jamais recourir à l'argument d'autorité que j'ai pu connaître chez tel ou tel de ses prédécesseurs. Lorsqu'on lui fait part de désaccords, et je ne m'en prive pas, il cherche à comprendre avec simplicité et à argumenter. Mais, en même temps, on sent chez lui une volonté permanente de mettre la France à l'heure du XXIe siècle avec, contrairement à ce qu'on écrit, peu de certitudes mais beaucoup de conviction.
Alors, pourquoi tant de haine ? D'abord, bien sûr, parce que l'arrivée à la présidence d'un jeune président dans un vieux pays a été un choc pour l'un et pour l'autre. La communication du président et du gouvernement a échoué à faire pénétrer l'image d'un président sympathique mais impatient et volontariste dans le grand public. C'est aussi sans doute parce qu'il a lui-même sous-estimé la manière dont les Français veulent voir leur président. Les Français sont restés nostalgiquement royalistes. Ils sont certes devenus républicains, mais ils veulent un monarque républicain, comme les Italiens le disaient de François Mitterrand. C'est ce qui a fait le socle du pouvoir et du prestige du général de Gaulle. L'évolution des mentalités appartient à l'histoire des longues durées. Un président décontracté parlant comme tout le monde, cela sera peut-être apprécié, mais pas avant le XXIIe siècle !
Ils ne veulent pas non plus un président se mêlant trop visiblement de politique politicienne. Un président doit chercher à être un rassembleur autant qu'un bâtisseur ! Dans ce chapitre de la posture présidentielle, beaucoup d'erreurs d'attitude, de déclarations intempestives, de provocations inutiles ou d'interventions inopportunes ont été commises, et Nicolas Sarkozy en est largement responsable. Nul ne peut le nier. Il le paie aujourd'hui dans les sondages. Mais, dans les circonstances de cette terrible crise, qui aurait fait mieux pour la France ? Celle que l'on n'a pas élue ? Chaque Français doit réfléchir à cette question !
Moi, homme de gauche dont les convictions profondes sont intactes, qui ai rompu avec le parti qui était le mien depuis trente ans parce qu'il avait préféré Ségolène Royal à Dominique Strauss-Kahn, j'ai été atterré par l'attitude fermée de la candidate à la présidentielle lors des débats sur la Constitution comme sur les retraites. Atterré et peiné, car, malgré ma rupture, c'est ma famille, et j'en espérais mieux. Le pays, certes, a besoin d'une opposition vigoureuse, mais aussi constructive, qui propose, contribue, innove. Car la route du redressement de la France va être longue. Pour résister à ce terrible défi de la mondialisation, nous avons besoin de toutes les idées.
L'attitude béate de tous les dirigeants européens depuis quarante ans a conduit la belle construction européenne au bord du gouffre. Et ce n'est pas le traité de Lisbonne qui l'en sortira. Le salut n'est pas à Bruxelles, il est à Paris et Berlin. Chacun le sait. Si l'Allemagne aujourd'hui décolle, c'est grâce aux réformes initiées par Gerhard Schröder et mises en oeuvre par le gouvernement de coalition droite-gauche.
Peut-on rêver pour la France que, sur les sujets majeurs, nous nous rassemblions par-delà nos clivages politiques sans pour autant nous confondre ? Car les chantiers majeurs sont devant nous. Rebâtir l'Europe autour de l'axe franco-allemand sans la diluer, rendre notre économie compétitive avec comme finalité première le plein-emploi, remobiliser les jeunes désabusés et désenchantés, dynamiser l'innovation, clé essentielle des portes de l'avenir, mais aussi pour nous, Européens, fils des Lumières, ne pas perdre ce qui constitue notre essence : l'humanisme. Comme le dit très bien Luc Ferry dans son dernier livre, l'enjeu ultime, c'est de ne pas perdre la quête du sens de la vie dans cette mondialisation qui n'en a pas.
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307 COMMENTAIRE(S)
Franck
M. Allègre
mercredi 10 novembre | 21:30
Je ne suis pas en accord avec toutes vos propositions mais j'admire votre courage et votre indépendance d'esprit. Vous êtes l'honneur jusqu'à présent introuvable de la gauche française. Je crois comme vous que Nicolas Sarkozy ne mérite pas l'avalanche de haine qu'il reçoit systématiquement en retour de ses courageuses et nécessaires réformes. Je crois qu'un jour viendra où les français commenceront à se rendre compte de l'intelligence, du courage et de la vision de cet homme.
Alors, laissez parler les esprits chagrins, les esprits conditionnés par la pensée unique, laissez les s'épuiser en vaines insultes et autres turpitudes. Dans ces colonnes même, vous pouvez constater un certain frémissement de l'opinion.
gaetan20
Ah ! Allègre...
mercredi 10 novembre | 21:27
Le voilà qui ressort à la veille des modifications gouvernementales ! Il ne dit rien que les Français ne sachent. C'est comme sur le climat ! Cet homme se croit et se dit de gauche, mais il n'est pas de gauche. Les Français ne sont pas des royalistes républicains ou l'inverse. C'est faux toutes ces images d'Epinal sur les Français. Les Français veulent un président moderne qui soit ni un copain, ni un père, qui parle français sans ostentation, qui connaisse l'histoire et soit un héritier autant qu'un ambassadeur de la culture française et de son élégance. A ce titre De Villepin fait beaucoup mieux l'affaire ! L'étalage de sa vie privée, divorce, amour et remariage, vacances dans les îles en une de des magazines people, ce n'est pas la place d'un président français. Réformer la France, oui, comment ? En quatrième vitesse, comme tout ce qu'il fait. Là où les Suédois mettent 20 ans, Sarkozy prend deux mois. En politique, il n'y a pas que le pragmatisme qui compte, il y a aussi un équilibre à tenir entre les réalités et les principes. Tout doit se faire dans les règles. Et c'est précisément ce que S. ne fait pas. Les erreurs commises le plombent. Normal. Espérons et croisons les doigts pour que ce vieillard qu'est désormais Claude Allègre ne revienne pas au gouvernement !
Rose
merci
mercredi 10 novembre | 21:26
Une gageure certes en ces temps troublés ! Cette intervention est apaisante, elle remet à la juste place ce qui est ; ce qui est, alors que le libéralisme sans régulation au 21ième siècle, les "ismes" au 20 siècle ont déséquilibré le monde. Aussi loin que l'on peut remonter dans le temps, il est plus confortable d'être mouton que singulier. M. Allègre ne le sait que trop. L'intolérance, l'incapacité à travailler ensemble pour développer les moyens de mettre l'homme au coeur des préoccupations, sont sidérantes. Si on a expressément besoin des différences, certains partis politiques sont des bouillons de culture (ou d'inculture) où se développe ce qui divise, loin de l'intérêt de la France, de l'Europe et du monde. Pendant combien de siècles on va traîner les oripeaux de ces idéologies qui ont tant tué ? On manque d'hommes qui ont votre indépendance affective, votre liberté de dire, votre courage Monsieur Allègre.
enak
c'est certain que...
mercredi 10 novembre | 21:26
...ce très controversé spécialiste du réchauffement de la planète et de la glaciation des relations au sein du PS est à même de nous faire partager son regard objectif de géophysicien sur les choses du domaine socio-économique et humaniste ! J'ai beaucoup apprécié l'antienne sur la dévalution du travail. J'en suis mort de rire, mais justement "cher petit génie", qui selon vous, depuis 2007 nous avait dit je vais mieux rémunérer le travail et qui a fait le contraire depuis qu'il est au pinacle ? Peut-être finalement que Claude Allègre prépare tout simplement son entrée dans le gouvernement Fillon 2 et qu'il tient déjà à faire ainsi un discours d'allégence au monarque ?
nenet
une place de ministre M. Sarkozy
mercredi 10 novembre | 21:21
Encore un autre qui veut une très bonne place dans ce gouvernement ! Bien sûr pour lui sa retraite ne sera pas celle de la réforme ! Pour un ancien PS, chapeau !
pave
certaines de ses réflexions...
mercredi 10 novembre | 21:19
...sont justes, mais le fait qu'il soit en permanence à encenser Nicolas devient pathétique, qu'on lui donne une commission bien payée et tout rentrera dans l'ordre.
librepenseuse
Du vrai.
mercredi 10 novembre | 21:18
Comme disent certains, et c'est heureux, voici une analyse qui tranche avec le venin habituel, tellement bête qu'on n'a plus envie de lire la presse... et qu'on rend ses abonnements par désespoir. La presse a beaucoup à se reprocher, sa partialité commerciale pour satisfaire un lectorat du niveau le plus bas intellectuellement et humainement. Beaucoup de lecteurs citoyens ont mal à la conscience et à l'intelligence. Ceci fait du bien, un grand bien. Enfin !
Merci, oui merci monsieur Allègre.
Intelligence et compétence à partager à égalité
Egalité réelle
mercredi 10 novembre | 21:17
En lisant l'article de M. Allègre, on pousse un soupir de soulagement, enfin un homme intelligent plein de bon sens et de pragmatisme.
Merci M. Allègre, dommage qu'il n'y ait pas d'égalité réelle dans ce parti de gauche, car si tous les "socialistes" partageaient à égalité les propos de M. Allègre, la France serait un pays formidable peuplé de politiques intelligents et de bonne volonté. Hélas il y a toujours des "bourriques politiques" à gauche comme à droite qui contineuent à renacler dans leur purin et empêchent le pays d'avancer.
A quand l'égalité réelle des belles pensées ?
jerbois
Enfin un peu de lumière !
mercredi 10 novembre | 21:15
Enfin un peu de clarté dans cette ambiance actuelle si sombre entretenue soigneusement par la plupart des médias. Bravo Monsieur Allègre pour votre courage, votre liberté d'esprit et votre pragmatisme. C'est d'hommes politiques de votre trempe que la France a besoin. Vous avez brillament exprimé de façon simple et concise ce que je pense également. Merci.
jantex
Monsieur Allègre, merci
mercredi 10 novembre | 21:15
Un grand merci pour votre objectivité non partisane. Le pays et les Français en ont besoin. En France si on n'appartient pas à la majorité démocratiquement élue, on est dans l'"opposition". Cette dénomination n'est-elle pas pernicieuse au point de donner à certains une posture d'opposants systématiques au détriment de l'objectivité dont la France a besoin ? Par quel mot pourrait-on remplacer le mot "opposition" ?
M. Allègre, homme de gauche, vous avez cette liberté de pouvoir approuver et de pouvoir désapprouver en fonction de vos analyses et de vos convictions sans être l'otage du mot "opposition". Ceci mérite d'être respecté.
Merci M. Allègre.
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Commençons donc par les retraites. Fallait-il faire cette réforme ? Oui. Fallait-il la faire si vite ? Oui encore, sinon nos caisses de retraites, alors en quasi-faillite, auraient été obligées de baisser les pensions. Les personnes âgées le savent très bien ! Souvenez-vous que Michel Rocard jugeait cette réforme urgente en 1988, que Lionel Jospin voulait la faire en 2000. Force est de constater que c'est Balladur et Fillon qui l'ont amorcée, et Sarkozy et Fillon qui l'ont bouclée. Pour autant, la réforme est-elle parfaite ? Bien sûr que non, et il faudra la compléter et l'infléchir sur bien des points, notamment la prise en compte des métiers pénibles. Mais la mise en place, dans quelques années, d'un système par points ouvre la voie vers une retraite choisie. C'est désormais une perspective intéressante. Alors que nous allons vers une espérance de vie qui dépassera bientôt 90 ans, peut-on continuer de s'arrêter de travailler à 60 ans ? Le simple bon sens nous dit que ce n'est pas possible !
En filigrane des mouvements sociaux, j'ai perçu une dévaluation du travail qui m'a choqué. Et les préoccupations de certains lycéens ou étudiants pour leur retraite m'ont affligé. Ils sont heureusement une minorité, car, sinon, la France serait dans une bien mauvaise posture. Chemin faisant, Nicolas Sarkozy a montré qu'il savait résister aux défilés et aux manifestations. Il n'y a pas de légitimité démocratique de la rue face aux urnes, pas plus qu'il n'y a en démocratie de légitimité des sondages. La rue, c'est un cri d'alarme auquel il faut prêter attention, ce n'est pas une injonction démocratique. La légitimité, c'est la représentation nationale librement élue !
Par ailleurs, Sarkozy a montré qu'il savait aussi ne pas plier pour défendre un ministre qu'il juge capable et honnête. C'est une vraie innovation !
L'épisode des retraites n'est pas l'unique événement où la détermination et le courage de Nicolas Sarkozy ont été décisifs. Quand la crise a éclaté, il a créé le G20, entraînant une Amérique de Bush apeurée et pourtant responsable de tout. On a pu ainsi dresser les prémices d'une solidarité mondiale, évitant du même coup les réflexes du chacun-pour-soi et d'une guerre de dévaluations compétitives qui aurait amené le chaos mondial. Dominique Strauss-Kahn a été un allié précieux dans cette action.
A-t-on oublié aussi qu'avec Gordon Brown Sarkozy a entraîné l'Europe dans une action solidaire de recapitalisation des banques alors que l'Allemagne tardait à réagir ?
Plus important, se souvient-on qu'en garantissant les crédits des banques il a stoppé net la panique qui avait saisi les épargnants au point qu'ils étaient prêts à vider leurs comptes, ce qui aurait été un pur désastre ? Certes, le combat n'est pas terminé, mais au moins on a évité 1929 ! Même si j'aurais préféré que l'Etat prenne provisoirement des actions des banques. Nous aurions alors empoché une vingtaine de milliards dans l'opération. Quant à la stratégie économique adoptée pour la France dans la crise, elle se situe dans le difficile équilibre entre une nécessaire rigueur et un refus d'étouffer la croissance. Chemin faisant, je me suis réjoui de voir Sarkozy rejoindre le camp des keynésiens.
En politique internationale, la France est à nouveau en bons termes avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Inde ou le Brésil. Au Moyen-Orient, notre amitié avec Israël a été réaffirmée dans un discours à la Knesset auquel j'ai assisté et que François Mitterrand aurait applaudi, et en même temps notre réconciliation avec la Syrie permet à nouveau à notre diplomatie d'être efficace. Bien sûr, je trouve que le merveilleux projet d'Union de la Méditerranée n'avance pas assez vite, mais est-ce la faute de Sarkozy, qui l'a lancé ?
Lorsqu'on examine la politique intérieure de la France, il y a aussi des innovations porteuses d'avenir. Comment l'universitaire que je suis ne serait-il pas sensible à la priorité budgétaire donnée à l'université ? Je crois depuis longtemps que ce domaine est la clé de l'avenir de la France, mais je n'ai jamais réussi à faire totalement partager ce point de vue au Parti socialiste. L'effort financier entrepris depuis trois ans n'a aucun équivalent depuis le premier gouvernement du général de Gaulle.
Et pourtant, c'est un effort qu'il faudra doubler si l'on veut atteindre une situation comparable à celle des États-Unis.
Quant à l'autonomie des universités, elle avait été réclamée au colloque de Caen réuni autour de Pierre Mendès France dans les années 60... Force est de constater que c'est Sarkozy et Fillon qui l'ont réalisée.
C'est vrai que bien des collègues universitaires me disent chaque jour pis que pendre de la mise en oeuvre de cette politique : les salaires des enseignants-chercheurs restent insuffisants pour arrêter l'hémorragie des meilleurs vers l'étranger, le logement étudiant n'a pas bénéficié d'une impulsion suffisante, la réunionite recommence à sévir dans nos universités et le gigantisme universitaire, qui n'a jamais été un gage de qualité, prend un essor inquiétant, etc. Cette non-reconnaissance par les universitaires de l'immense effort accompli est en soi un problème. Mais l'impulsion qui a été donnée sera, j'en suis sûr, pérenne. C'est un pari sur l'intelligence. Qui osera revenir là-dessus ?
L'idée de créer un ministère associant écologie, énergie et aménagement du territoire n'est-elle pas, par ailleurs, la meilleure manière pour que les impérieux problèmes écologiques soient pris en compte en les intégrant pleinement dans l'économie ? Même si le Grenelle de l'environnement est aujourd'hui très critiqué par de nombreux économistes, avec des arguments sérieux sur les hyper-subventions mises en place pour l'éolien ou le photovoltaïque (que Bercy vient d'ailleurs de rogner), l'initiative était bonne. Sans doute trop d'arrière-pensées politiques ont-elles été associées au Grenelle. On peut citer la velléité d'une taxe carbone franco-française, l'oubli du nucléaire, celui des OGM. L'oubli des problèmes de l'eau, de la géothermie y a été une lacune grave. Mais l'impulsion initiale va petit à petit transformer en profondeur notre pays et son rapport avec la nature, l'espace et le développement. Ce ministère sera l'instrument qui permettra de construire une écologie qui ne tourne pas le dos au progrès et sera l'un des moteurs de la nouvelle croissance.
La modernisation de l'aménagement du territoire constitue un autre chantier ouvert. La loi de décentralisation, que de Gaulle jugeait nécessaire, mais que ni Pompidou ni Giscard n'avaient eu le courage de faire, est l'un des grands apports de la gauche à la modernisation de notre pays. Elle a permis de rapprocher les décisions du citoyen. Mais, au cours du temps, les structures se sont complexifiées. On a ajouté des strates sans jamais en supprimer : commune, communauté de communes, pays, département, région, Etat, Europe. Ne faut-il pas simplifier le mille-feuille ? Si on ne le fait pas, la France mourra asphyxiée par la bureaucratie et le citoyen s'éloignera un peu plus de la politique. Je ne partage pas nécessairement toutes les dispositions de la réforme territoriale, mais je trouve que s'y être attaqué est un acte courageux. Encore faudra-t-il dans le même temps simplifier la réglementation et alléger les structures étatiques qui souvent doublonnent avec celles des collectivités. Et pourquoi ne pas réformer le Sénat pour en faire un Bundesrat à l'allemande, rapprochant du même coup les structures de la France et de l'Allemagne ?
Dans le même esprit, ne faut-il pas essayer d'adapter notre territoire au monde moderne : essayer de faire émerger un Grand Paris, muscler les capitales régionales, tenter de simplifier les cartes judiciaire et hospitalière ? Certes, en faisant cela, on va supprimer des élus, muter des fonctionnaires et donc susciter des oppositions farouches. Mais faut-il préférer le confort routinier de quelques-uns à l'intérêt général ?
A l'inverse, je n'ai pas aimé l'épisode des Roms. Il était inutile et maladroit. Fustiger une population fragile, repoussée de partout, ne correspond pas à notre tradition. Mais je n'ai pas aimé davantage les réactions outrancières de Michel Rocard, Dominique de Villepin ou Viviane Reding. Ces domaines sont humainement délicats, mais ne soyons pas naïfs : les nomades créent souvent des situations difficiles à maîtriser. Tous les maires vous le diront, surtout depuis l'imparfait traité de Schengen.
Au fond, mon désaccord est politique. L'idée de faire des clivages entre les partis de gouvernement sur des sujets comme l'immigration ou la sécurité me paraît mauvaise. Ce sont deux sujets bien distincts, mais hélas parfois liés. Pour résoudre ces problèmes sociétaux essentiels dont l'importance va devenir croissante, en raison de la démographie mondiale et du chômage chronique, il faut chercher un consensus national droite-gauche. Et c'est possible ! Ni le gouvernement de Lionel Jospin ni les maires socialistes n'ont été laxistes sur ces sujets. Il faut définir une politique qui, tout en respectant les traditions d'hospitalité et d'humanisme, ne soit ni laxiste ni naïve.
Sur le plan de la démocratie, on fait par ailleurs à Nicolas Sarkozy un procès qui me paraît profondément injuste. J'ai applaudi en son temps la réforme constitutionnelle qu'avaient approuvée aussi bien Jack Lang que Guy Carcassonne. Pourquoi l'avoir combattue férocement, comme l'a fait l'opposition ? L'apprenti dictateur que certains nous décrivent a eu l'idée " étrange " de s'interdire plus de deux mandats et donc de gouverner moins longtemps que Mitterrand. C'est bien lui qui a donné aux députés le droit de fixer un tiers de l'ordre du jour de l'Assemblée, leur permettant un meilleur contrôle du gouvernement.
Pourquoi a-t-il nommé un socialiste à la tête de la commission des Finances de l'Assemblée et un autre à la Cour des comptes, chargée de contrôler les finances du gouvernement ?
Pourquoi a-t-il nommé un ancien conseiller de François Mitterrand au Conseil constitutionnel, évitant par là que la gauche y soit absente ?
L'idée de saisine du Conseil constitutionnel était-elle dangereuse ? En tout cas, le succès ne se dément pas, comme l'a montré le débat ouvert sur le thème de la garde à vue. Ce sont là bien sûr les stigmates d'un ennemi de la démocratie...
N'empêche, me direz-vous, qu'il est impopulaire et détesté par certains, notamment les jeunes.
La première raison de ce désamour, c'est la crise. Les courbes de popularité de Zapatero, d'Angela Merkel ou le cuisant échec du très pédagogue Barack Obama suffisent à démontrer cette évidence. Tous ces responsables sont victimes de la dépossession démocratique de l'économie !
La seconde raison se trouve dans les réformes entreprises et menées au pas de charge. Sarkozy considère que la France a pris un retard considérable dans la dure compétition internationale et que la rapidité de la réforme est une condition de sa survie. Il a voulu faire en trois ans ce que ses prédécesseurs auraient dû faire en trente. Il a cru que la France était une Ferrari, or c'est un tracteur. Cette volonté boulimique de réformes énerve et inquiète. Le Français aime qu'on lui parle de réformes pourvu qu'elles ne s'appliquent pas à lui !
Mais il y a aussi un désamour plus profond, presque viscéral, qu'il ne faut pas ignorer. Je connais Nicolas Sarkozy depuis 2003, quand des échanges épistolaires violents nous avaient opposés sur la Corse. Depuis, il me reçoit de temps à autre. J'ai pu constater le caractère sympathique de cet homme, qui cherche à plaire, bien sûr, mais qui écoute, argumente, dialogue, sans jamais recourir à l'argument d'autorité que j'ai pu connaître chez tel ou tel de ses prédécesseurs. Lorsqu'on lui fait part de désaccords, et je ne m'en prive pas, il cherche à comprendre avec simplicité et à argumenter. Mais, en même temps, on sent chez lui une volonté permanente de mettre la France à l'heure du XXIe siècle avec, contrairement à ce qu'on écrit, peu de certitudes mais beaucoup de conviction.
Alors, pourquoi tant de haine ? D'abord, bien sûr, parce que l'arrivée à la présidence d'un jeune président dans un vieux pays a été un choc pour l'un et pour l'autre. La communication du président et du gouvernement a échoué à faire pénétrer l'image d'un président sympathique mais impatient et volontariste dans le grand public. C'est aussi sans doute parce qu'il a lui-même sous-estimé la manière dont les Français veulent voir leur président. Les Français sont restés nostalgiquement royalistes. Ils sont certes devenus républicains, mais ils veulent un monarque républicain, comme les Italiens le disaient de François Mitterrand. C'est ce qui a fait le socle du pouvoir et du prestige du général de Gaulle. L'évolution des mentalités appartient à l'histoire des longues durées. Un président décontracté parlant comme tout le monde, cela sera peut-être apprécié, mais pas avant le XXIIe siècle !
Ils ne veulent pas non plus un président se mêlant trop visiblement de politique politicienne. Un président doit chercher à être un rassembleur autant qu'un bâtisseur ! Dans ce chapitre de la posture présidentielle, beaucoup d'erreurs d'attitude, de déclarations intempestives, de provocations inutiles ou d'interventions inopportunes ont été commises, et Nicolas Sarkozy en est largement responsable. Nul ne peut le nier. Il le paie aujourd'hui dans les sondages. Mais, dans les circonstances de cette terrible crise, qui aurait fait mieux pour la France ? Celle que l'on n'a pas élue ? Chaque Français doit réfléchir à cette question !
Moi, homme de gauche dont les convictions profondes sont intactes, qui ai rompu avec le parti qui était le mien depuis trente ans parce qu'il avait préféré Ségolène Royal à Dominique Strauss-Kahn, j'ai été atterré par l'attitude fermée de la candidate à la présidentielle lors des débats sur la Constitution comme sur les retraites. Atterré et peiné, car, malgré ma rupture, c'est ma famille, et j'en espérais mieux. Le pays, certes, a besoin d'une opposition vigoureuse, mais aussi constructive, qui propose, contribue, innove. Car la route du redressement de la France va être longue. Pour résister à ce terrible défi de la mondialisation, nous avons besoin de toutes les idées.
L'attitude béate de tous les dirigeants européens depuis quarante ans a conduit la belle construction européenne au bord du gouffre. Et ce n'est pas le traité de Lisbonne qui l'en sortira. Le salut n'est pas à Bruxelles, il est à Paris et Berlin. Chacun le sait. Si l'Allemagne aujourd'hui décolle, c'est grâce aux réformes initiées par Gerhard Schröder et mises en oeuvre par le gouvernement de coalition droite-gauche.
Peut-on rêver pour la France que, sur les sujets majeurs, nous nous rassemblions par-delà nos clivages politiques sans pour autant nous confondre ? Car les chantiers majeurs sont devant nous. Rebâtir l'Europe autour de l'axe franco-allemand sans la diluer, rendre notre économie compétitive avec comme finalité première le plein-emploi, remobiliser les jeunes désabusés et désenchantés, dynamiser l'innovation, clé essentielle des portes de l'avenir, mais aussi pour nous, Européens, fils des Lumières, ne pas perdre ce qui constitue notre essence : l'humanisme. Comme le dit très bien Luc Ferry dans son dernier livre, l'enjeu ultime, c'est de ne pas perdre la quête du sens de la vie dans cette mondialisation qui n'en a pas.
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307 COMMENTAIRE(S)
Franck
M. Allègre
mercredi 10 novembre | 21:30
Je ne suis pas en accord avec toutes vos propositions mais j'admire votre courage et votre indépendance d'esprit. Vous êtes l'honneur jusqu'à présent introuvable de la gauche française. Je crois comme vous que Nicolas Sarkozy ne mérite pas l'avalanche de haine qu'il reçoit systématiquement en retour de ses courageuses et nécessaires réformes. Je crois qu'un jour viendra où les français commenceront à se rendre compte de l'intelligence, du courage et de la vision de cet homme.
Alors, laissez parler les esprits chagrins, les esprits conditionnés par la pensée unique, laissez les s'épuiser en vaines insultes et autres turpitudes. Dans ces colonnes même, vous pouvez constater un certain frémissement de l'opinion.
gaetan20
Ah ! Allègre...
mercredi 10 novembre | 21:27
Le voilà qui ressort à la veille des modifications gouvernementales ! Il ne dit rien que les Français ne sachent. C'est comme sur le climat ! Cet homme se croit et se dit de gauche, mais il n'est pas de gauche. Les Français ne sont pas des royalistes républicains ou l'inverse. C'est faux toutes ces images d'Epinal sur les Français. Les Français veulent un président moderne qui soit ni un copain, ni un père, qui parle français sans ostentation, qui connaisse l'histoire et soit un héritier autant qu'un ambassadeur de la culture française et de son élégance. A ce titre De Villepin fait beaucoup mieux l'affaire ! L'étalage de sa vie privée, divorce, amour et remariage, vacances dans les îles en une de des magazines people, ce n'est pas la place d'un président français. Réformer la France, oui, comment ? En quatrième vitesse, comme tout ce qu'il fait. Là où les Suédois mettent 20 ans, Sarkozy prend deux mois. En politique, il n'y a pas que le pragmatisme qui compte, il y a aussi un équilibre à tenir entre les réalités et les principes. Tout doit se faire dans les règles. Et c'est précisément ce que S. ne fait pas. Les erreurs commises le plombent. Normal. Espérons et croisons les doigts pour que ce vieillard qu'est désormais Claude Allègre ne revienne pas au gouvernement !
Rose
merci
mercredi 10 novembre | 21:26
Une gageure certes en ces temps troublés ! Cette intervention est apaisante, elle remet à la juste place ce qui est ; ce qui est, alors que le libéralisme sans régulation au 21ième siècle, les "ismes" au 20 siècle ont déséquilibré le monde. Aussi loin que l'on peut remonter dans le temps, il est plus confortable d'être mouton que singulier. M. Allègre ne le sait que trop. L'intolérance, l'incapacité à travailler ensemble pour développer les moyens de mettre l'homme au coeur des préoccupations, sont sidérantes. Si on a expressément besoin des différences, certains partis politiques sont des bouillons de culture (ou d'inculture) où se développe ce qui divise, loin de l'intérêt de la France, de l'Europe et du monde. Pendant combien de siècles on va traîner les oripeaux de ces idéologies qui ont tant tué ? On manque d'hommes qui ont votre indépendance affective, votre liberté de dire, votre courage Monsieur Allègre.
enak
c'est certain que...
mercredi 10 novembre | 21:26
...ce très controversé spécialiste du réchauffement de la planète et de la glaciation des relations au sein du PS est à même de nous faire partager son regard objectif de géophysicien sur les choses du domaine socio-économique et humaniste ! J'ai beaucoup apprécié l'antienne sur la dévalution du travail. J'en suis mort de rire, mais justement "cher petit génie", qui selon vous, depuis 2007 nous avait dit je vais mieux rémunérer le travail et qui a fait le contraire depuis qu'il est au pinacle ? Peut-être finalement que Claude Allègre prépare tout simplement son entrée dans le gouvernement Fillon 2 et qu'il tient déjà à faire ainsi un discours d'allégence au monarque ?
nenet
une place de ministre M. Sarkozy
mercredi 10 novembre | 21:21
Encore un autre qui veut une très bonne place dans ce gouvernement ! Bien sûr pour lui sa retraite ne sera pas celle de la réforme ! Pour un ancien PS, chapeau !
pave
certaines de ses réflexions...
mercredi 10 novembre | 21:19
...sont justes, mais le fait qu'il soit en permanence à encenser Nicolas devient pathétique, qu'on lui donne une commission bien payée et tout rentrera dans l'ordre.
librepenseuse
Du vrai.
mercredi 10 novembre | 21:18
Comme disent certains, et c'est heureux, voici une analyse qui tranche avec le venin habituel, tellement bête qu'on n'a plus envie de lire la presse... et qu'on rend ses abonnements par désespoir. La presse a beaucoup à se reprocher, sa partialité commerciale pour satisfaire un lectorat du niveau le plus bas intellectuellement et humainement. Beaucoup de lecteurs citoyens ont mal à la conscience et à l'intelligence. Ceci fait du bien, un grand bien. Enfin !
Merci, oui merci monsieur Allègre.
Intelligence et compétence à partager à égalité
Egalité réelle
mercredi 10 novembre | 21:17
En lisant l'article de M. Allègre, on pousse un soupir de soulagement, enfin un homme intelligent plein de bon sens et de pragmatisme.
Merci M. Allègre, dommage qu'il n'y ait pas d'égalité réelle dans ce parti de gauche, car si tous les "socialistes" partageaient à égalité les propos de M. Allègre, la France serait un pays formidable peuplé de politiques intelligents et de bonne volonté. Hélas il y a toujours des "bourriques politiques" à gauche comme à droite qui contineuent à renacler dans leur purin et empêchent le pays d'avancer.
A quand l'égalité réelle des belles pensées ?
jerbois
Enfin un peu de lumière !
mercredi 10 novembre | 21:15
Enfin un peu de clarté dans cette ambiance actuelle si sombre entretenue soigneusement par la plupart des médias. Bravo Monsieur Allègre pour votre courage, votre liberté d'esprit et votre pragmatisme. C'est d'hommes politiques de votre trempe que la France a besoin. Vous avez brillament exprimé de façon simple et concise ce que je pense également. Merci.
jantex
Monsieur Allègre, merci
mercredi 10 novembre | 21:15
Un grand merci pour votre objectivité non partisane. Le pays et les Français en ont besoin. En France si on n'appartient pas à la majorité démocratiquement élue, on est dans l'"opposition". Cette dénomination n'est-elle pas pernicieuse au point de donner à certains une posture d'opposants systématiques au détriment de l'objectivité dont la France a besoin ? Par quel mot pourrait-on remplacer le mot "opposition" ?
M. Allègre, homme de gauche, vous avez cette liberté de pouvoir approuver et de pouvoir désapprouver en fonction de vos analyses et de vos convictions sans être l'otage du mot "opposition". Ceci mérite d'être respecté.
Merci M. Allègre.
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