Tuesday, October 19, 2010

Les ANI, ces informations que zappent les médias...

Les ANI, ces informations que zappent les médias...: "Les ANI, ces informations que zappent les médias...
Eric Conan - Marianne | Dimanche 17 Octobre 2010 à 07:01 | Lu 15206 fois
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Il est des ANI, actualités non identifiées. Elles passent mais on n'y prête guère attention. Préférant l'écume de l'information à son fond. Dernier exemple en date, la validation par le Conseil Constitutionnel de l'interdiction du voile intégral dans l'espace public, passé quasiment inaperçue.


wikimediacommons - Ute Kraus - cc
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C’est devenu une banalité de le relever : certaines informations, certains faits tombent dans des « trous noirs » de l’actualité. Ils disparaissent des pages, des écrans ou des micros sitôt annoncés quand d’autres sont disséqués, mis en scène ou montés en polémique jusqu’à plus soif. Dernier exemple : l’annonce, il y a une semaine, le 7 octobre, de la décision du Conseil constitutionnel de valider la loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public et visant implicitement le voile intégral. Des brèves ici et là, mais peu de détails sur le contenu et les motivations, et encore moins de commentaires. Un silence d’autant plus remarquable que la position supposée du Conseil Constitutionnel avait fait l’objet d’une avalanche d’hypothèses, supputations et suppositions au moment de l’annonce et de la discussion de ce projet de loi controversé.

On se souvient que nombre d’acteurs politiques, notamment à gauche, avaient excipé du barrage inévitable et imparable du Conseil Constitutionnel pour adopter une position de défausse : ils se prononçaient contre le voile intégral mais aussi contre une loi l’interdisant en expliquant avec assurance qu’elle était contraire à la Constitution, aux droits de l’homme, au droit européen, au respect de la personne humaine, etc… Et que le Conseil constitutionnel serait contraint de la recaler. D’ailleurs, disaient-ils, n’était-ce pas déjà la position ancienne, invariable et réaffirmée du Conseil d’Etat et de ses fins juristes qui avaient encore expliqué en mars dernier qu’une interdiction totale du voile intégral était juridiquement impossible ? Position du Conseil d’Etat dont s’était prévalue la direction du Parti socialiste pour ne pas voter la loi, consigne qui ne fut d’ailleurs pas suivie par plusieurs députés socialistes ainsi qu’une grosse partie des sénateurs socialistes emmenés par Robert Badinter, lequel avait argumenté contre la position officielle de son parti en assurant qu’une interdiction était conforme à la Constitution. Il avait raison et le Conseil, gardien de cette dernière, l’a dit très clairement et très simplement.

Avec quels arguments ? Ils n’ont quasiment pas été précisés par les médias alors qu’ils tiennent en quelques lignes. Le comble est que, parmi les très rares commentateurs, beaucoup ont raconté que le Conseil jugeait que « la laïcité » française permettait cette interdiction ou qu’il « réaffirmait le caractère laïc de la République française ». Ce qui montre qu’ils n’ont même pas pris la peine de lire le très court texte de la décision qui n’invoque à aucun moment la laïcité, avec laquelle le voile intégral n’a rien à voir, comme beaucoup de juristes avisés l’avaient déjà souligné.

Le Conseil Constitutionnel n’invoque en effet pas une seule fois la laïcité, terme totalement absent de sa décision qu’il a appuyé en validant les trois arguments invoqués dans la loi et dont aucun ne fait allusion à la religion :
1) le voile intégral constitue un « danger pour la sécurité publique »,
2) il ne répond pas aux « exigences minimales de la vie en société »,
3) il place les femmes « dans une situation d'exclusion et d'infériorité manifestement incompatible avec les principes constitutionnels de liberté et d'égalité »
En invoquant les nécessités de « l'ordre public », dont l’état des mœurs d’une société fait partie, le Conseil Constitutionnel a rappelé que la loi a le droit de défendre « les actions nuisibles à la société » et estimé que la dissimulation contrainte ou volontaire du visage en faisait partie. Il affirme ainsi nettement que la cohésion sociale nécessite le respect de l’état juridique et culturel de la société française : les « exigences minimales de la vie en société » sont évidemment celle d’une société bien précise et pas virtuelle ou imaginaire. Le Conseil Constitutionnel s’oppose ainsi nettement à la thématique du multiculturalisme qui n’a cessé d’inspirer le Conseil d’Etat. Mais aussi la plupart des médias. Est-ce pour cela qu’ils toussent et qu’on ne les a pas entendus depuis la décision du Conseil ?




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