La vulnérabilité économique et les terres rares

La vulnérabilité économique et les terres rares: "– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"
La vulnérabilité économique et les terres rares

Posted by: admin on Jan 24, 2011 Print PDF
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Le présent article fait suite à WSJ Asian Edition de 20.01.2011 :


US Business turns cool to China: Le monde d'affaires US se refroidit face à la Chine.

American companies decry heavy hand: Les sociétés américaines dénoncent le poids de la régulation.

China rare earth export fell in '10: L'export des terres rares chinoises est à la baisse en 2010.




Comme d'habitude, par un bref résumé des trois articles nous convergerons vers la conclusion qui intégrera notre avis sur la situation de l'après visite de Hu Jintao aux USA.




Le clou n°1 : La politique de l'innovation indigène force les multinationales étrangères à opérer des transferts technologiques sur le sol chinois,




Une nouvelle pour la plupart de nos lecteurs : L'année dernière, le gouvernement de Beijing a su enfoncer le clou à sa manière. Au mieux, par la mise en place de la politique de l'innovation indigène. Oui, vous lisez bien ! Maintenant, qui est l'indigène dans cette formule ? Ayant appris par cœur les préceptes léninistes de la cupidité et de la corde, les officiels chinois ont de facto ordonnés le déplacement de la R&D des entreprises occidentales vers la Chine. Depuis un an, tous ceux qui veulent avoir un contrat avec le gouvernement chinois, c'est-à-dire la majeure partie du chiffre d'affaires des multinationales industrielles, doivent rapatrier leur R&D sur le sol chinois. Tout ceci, pour renforcer graduellement la compétitivité de leur tissu industriel domestique, au détriment de la concurrence internationale. Lors de sa visite de Mr Hu a signé des contrats avec Microsoft, General Electric, Boeing, Alcoa, Duke energy, achetant ou participant à des transferts technologiques vers Beijing. La stratégie de domination chinoise est mise en l'œuvre par tous les moyens.




…les entreprises étrangères se plaignent, mais prises dans la nasse des profits, elles doivent céder à des pressions du Parti Communiste chinois.




EN chine, en revanche les entreprises étrangères sont sous pression des institutions officielles chinoises et se disent de plus en plus discriminées lors des appels d'offres officielles. Les industriels américains étant très intéressés, ils attendaient une voie d'arrangement via la dernière visite de Hu Jintao. Ils peuvent maintenant aller voir ailleurs, si l'officiel chinois s'y trouve. Car ce monsieur a signalé dans sa réponse écrite, que toutes les entreprises enregistrées en Chine sont considérées comme des entreprises chinoises.


En attendant, regardons ces quelques chiffres, collectées dans les enquêtes de l'American Chamber of Commerce à Shanghaï :


**72% des entreprises US installées en Chine sentent la concurrence interne monter d'année en année,

**50% dit que le marché chinois est plus profitable que tout autre marché,

**73% disent que c'est leur marché qui croît le plus dans le monde,

**Plus de la moitié se disent lésés, si le Yuan réévalue de 10 % face au dollar US.




En confirmation, la Chine a publié le record de l'année dernière concernant les investissements étrangers : 105,74 MLD de dollars US en 2010, soit plus que 17% d'augmentation par rapport à l'année précédente.





Le clou n°2 : La politique des restrictions de l'export des terres rares.




Pour mieux expliquer aux étrangers, comme il faut se comporter face à la nouvelle superpuissance : Les officiels chinois ont annoncé une restriction des quantités des terres rares en 2010 de 40 %. Selon WSJ : à cause des imprécisions dans la régulation chinoise, le commerce des terres rares a baissé en volume seulement de 9,3% en 2010. Résultat : 39 813 tonnes métriques exportées, contre une quantité planifiée de 30 258 tonnes métriques.

Sur ceci, les officiels chinois se sont dit, qu'ils peuvent mieux faire en 2011 en serrant les directives de leurs entreprises exportatrices et en « mieux instruisant » leurs traders. La mesure intermédiaire, c'est-à-dire l'allongement des délais de livraison, est déjà en place.

Le commerce a baissé en volume certes, mais les 17 éléments rares se sont vendus trois fois plus cher en 2010, qu'en 2009. Pour le détail de l'utilité de ces petites bêtes, vous pouvez voir l'une de mes anciennes présentations en cliquant ici.





Mon idée sur la question de la rivalité et de la montée en puissance.






Très clairement, les chinois se sentent déjà assez forts pour donner des ordres aux américains, qui finissent par obtempérer. Mais tout n'est pas rose au Royaume du Milieu. La Chine est engagée dans une opération très risquée de switch entre ses exportations et son marché intérieur en manque de solvabilité. Même-si le temps joue en faveur des chinois, rien n'est gagné d'avance. Je dirais que tout est conditionné par le maintien des flux suivants :

1. Continuité des transferts de l'épargne occidentale vers la Chine.
2. Continuité des transferts technologiques.
3. Continuité des débouchés occidentaux épongeant la surproduction chinoise.

Les Chinois n'ont aucun intérêt à nous soutenir plus que nécessaire. Mais si nous coulons trop vite, cela peut enrayer la transition interne et créer des conditions de krach similaires à celles que nous connaissons aujourd'hui à domicile. Les Chinois le savent bien. Néanmoins, ils ne peuvent pas agir sur tous les leviers et leurs réserves de devises sont limitées. La crise économique vient cette année en Asie. La Chine a ralentie sa production depuis la fin de l'année dernière et ne peut plus servir de déversoir facile à la planche à billets américaine et européenne. Par ailleurs, la dernière visite de Mr. Hu aux USA a marqué la rupture attendue, en laissant de côté toute solution réciproquement bénéfique. L'officiel chinois s'est tenu au programme officiel de la réunion et n'a aucunement abordé un règlement à l'amiable. Le conflit est là, la diplomatie n'a pas fonctionné et les multinationales ne peuvent pas encaisser les pressions indéfiniment. Obama donne déjà le ton, en préparant des futures régulations et restrictions commerciales à l'encontre de la Chine.


L'issue de cette situation risque d'être tout, sauf pacifique. Je parie sur une remontée des cours des fabricants d'armes.