Sunday, January 16, 2011

La France a lâché Ben Ali à la dernière minute

La France a lâché Ben Ali à la dernière minute: "ar Catherine Bremer et Brian Love
PARIS (Reuters) - L'abandon à la dernière minute par Paris de son soutien à l'ancien président tunisien Ben Ali illustre la pression qui s'exerce sur la France pour qu'elle rompe avec des années de soutien aveugle à certains dirigeants étrangers.
La France, comme le reste du monde, a été prise de court quand les troubles en Tunisie ont finalement précipité le départ de Zine al Abidine Ben Ali vendredi. Après une réunion d'urgence au sommet de l'Etat, Paris a décidé de lui refuser son hospitalité.
La volte-face a été rapide après le long soutien de l'ancienne puissance coloniale au régime, dont la stabilité politique protégeait les intérêts économiques français et la répression des groupes fondamentalistes faisait de la Tunisie un rempart laïc.
Les analystes politiques s'interrogent désormais sur l'éventuel effet d'entraînement de ce changement de régime sur d'autres pays de la région et le président Nicolas Sarkozy est pressé de renouveler la diplomatie française en Afrique du Nord et le monde arabe.
'Il y a un risque de contagion', dit Christian Bouquet, spécialiste de l'Afrique du Nord et professeur de géopolitique à l'université Bordeaux III. 'Il est clair que la France va être obligée d'avoir une position éthiquement plus correcte par rapport aux droits de l'homme, à la liberté d'expression, et donc probablement commencer à réfléchir sur ce qu'elle va dire désormais sur l'Algérie et, tant qu'on y est, sur le Maroc.'
Pendant des années, la Tunisie a été considérée comme un pays en pointe en Afrique du Nord en termes de stabilité politique, de croissance économique, d'éducation et de droits des femmes. Mais des critiques ont rapidement pointé du doigt les atteintes aux droits de l'homme et aux valeurs démocratiques comme la liberté de la presse, de la part du régime de Ben Ali.
La France, occupée comme le reste du monde par d'autres autocrates plus gênants, ne s'est guère émue de problèmes qui s'aggravaient. Et dans les manifestations organisées ce week-end à Paris pour célébrer la chute de Ben Ali, les critiques sur ce mode étaient sensibles. 'Ben Ali assassin, Sarkozy complice', pouvait-on lire sur une pancarte.
'La Tunisie était un régime autoritaire et c'est vrai qu'il y avait une dérive de l'autoritarisme du régime depuis la dernière réélection de Ben Ali que probablement la France n'a pas appréciée à sa juste mesure', déclare Axel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale contacté par l'agence Reuters. 'En l'espace de 72 heures, tout a basculé et je crois que la France comme la plupart des pays a été prise de court', ajoute-t-il.
LENT RENVERSEMENT
La France, où vivent 600.000 Tunisiens environ, est le premier partenaire commercial de la Tunisie. Elle y a investi 139 millions d'euros en 2009 et on compte quelque 1.250 entreprises françaises présentes en Tunisie, environ 25.000 Français y résident et plus d'un million de Français y passent des vacances chaque année.
Le gouvernement français explique qu'il est resté observateur dans les événements de ces derniers jours pour ne pas être accusé d'ingérence, mais les déclarations de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui a proposé en milieu de semaine d'aider Tunis dans le maintien de l'ordre, ont été vivement critiquée au parlement.
A peine deux jours plus tard, les autorités françaises refusaient une éventuelle venue de Ben Ali sur leur territoire. 'Nous n'avons jamais eu aucune demande de sa part pour venir en France. Si une telle demande avait été formulée, elle aurait été refusée', dit Michèle Alliot-Marie dans une interview accordée au Journée du dimanche.
Pour Christian Bouquet, ces évolutions ne sont que 'de la realpolitik'. 'Tout d'un coup, on a fait faire machine arrière à l'avion de Ben Ali. Il y a eu incontestablement une prise de conscience brutale du fait que la position initiale de la France allait dans le mur', dit-il.
Quand, en avril 2008, Nicolas Sarkozy s'était rendu en visite en Tunisie, il avait éludé les inquiétudes sur la situation des droits de l'homme et vu dans la lutte anti-terroriste menée par Ben Ali un rempart contre l'apparition d'un régime 'de type taliban' en Afrique du Nord.
Des années plus tôt, soulignant que pouvoir se nourrir, se loger et s'instruire constitue le premier des droits de l'homme, son prédécesseur, Jacques Chirac, estimait que la Tunisie était plus avancée que nombre de pays.
Quand les premières manifestations contre le chômage et la pauvreté ont éclaté, à la mi-décembre, les autorités françaises ont fait profil bas et ne se sont pas départies de cette attitude jusqu'aux dernières heures du règne de Ben Ali.
Analystes et diplomates jugent aussi que Paris a mis longtemps à comprendre que son soutien au régime de Ben Ali avait dépassé sa date de péremption.
'Les Français ont mal interprété l'ampleur du soulèvement populaire et ont commis une lourde erreur de jugement en s'accrochant trop longtemps à l'idée qu'ils pourraient aider Ben Ali à se maintenir au pouvoir', estime l'amiral Jacques Lanxade, ancien chef d'état-major des armées qui fut ambassadeur de France à Tunis à la fin des années 1990.
Paris a depuis lors appelé à des élections libres, offert son aide pour une transition démocratique et annoncé avoir pris des dispositions pour bloquer des mouvements suspects d'avoirs de l'ex-président tunisien Zine el Abidine Ben Ali et de son entourage en France.
La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quel rôle la France pourra jouer à l'avenir en Tunisie et dans d'autres pays de la région.
Avec William Maclean à Londres; édité par Jean-Baptiste Vey et Henri-Pierre André)


– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"

je comprends pas cet absence de reaction ,alors que cele faisait plus d'un mois que "le WEB" en parlait !!! internet figurera comme un outil indispensable pour la démocratie !

No comments:

Liste de partage de girtabaix

Followers

Blog Archive