Thursday, February 24, 2011

Comment sauver notre agriculture? | Le Cercle Les Echos

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22/02/2011 | Rcoutouly | Société | Lu 635 fois | 7 commentaires
Comment sauver notre agriculture?
Notre agriculture se meurt. En plein salon de l'Agriculture, vient de paraître deux ouvrages majeurs sur la question agricole: celui d'Isabelle Saporta, journaliste à Marianne, le livre noir de l'agriculture chez Fayard et celui de Pierre Priolet, arboriculteur, contraint d'arracher ses arbres l'an dernier. Son livre - les fruits de ma colère, plaidoyer pour un monde paysan qu'on assassine, chez Laffont - contient des solutions iconoclastes, et donc intéressantes.
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Il faut être conscient des enjeux du monde agricole aujourd'hui. A part les céréaliers -qui se portent bien merci- nos autres agriculteurs sont condamnés à disparaître dans la décennie qui vient. L'extinction programmée des aides de la Politique Agricole Commune (PAC) va entraîner la fin des petits paysans incapables de concurrencer les autres paysans du monde. Comment éviter cela?

Deux voies, classiques, vous nous être proposées par nos responsables politiques: la première consiste à (ré)affirmer notre confiance en l'Europe et à la PAC. C'est ce qui se met en place depuis dix ans, avec les dégâts que nous connaissons. La deuxième voie prend la forme d'un discours qui vante les vertus de la Réglementation, de la PAC pratiquée il y a vingt ans. Ce discours est irréaliste car la France ne reviendra pas en arrière, tant elle est liée par ses engagements européens.

Une politique nationale compatible avec les règlements internationaux

Il faut donc, dans le cadre contraint qui est le nôtre, envisager une autre politique, volontariste, nationale mais compatible avec les règlements internationaux.

Dans une époque où les experts ne cessent de faillir, c'est souvent les esprits éclairés de terrain qui peuvent trouver les réponses adéquates. A cet égard, le livre de Pierre Priolet est particulièrement riche. Je ne résiste donc pas au plaisir de vous le citer :

Le gouvernement nous affirme vouloir tout faire pour réglementer les bonus des traders, il nous montre la voie. Il faut l’encourager et étendre la question des bonus, à celle des marges de tous les magasins de plus de 800M² de surface de vente, en imposant une marge de 30% maximum, tous avantages compris, à savoir, marge avant, marge arrière, mise en rayon fournisseurs effectuée ou financée, ventes effectuée ou payée par le fournisseur et tout autre bénéfice tiré du système. Le travail sera enfin récompensé : plus le magasin travaillera, plus il pourra gagner, cela interdira les rentes de situation et dynamisera le commerce. Quand un produit, ne coutera pas cher, le consommateur pourra enfin en profiter, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui'.

Et plus loin:

'Ma proposition consiste à donner à toutes les exploitations agricoles intéressées, la possibilité de vendre 1000 m² de leurs terres agricoles proches des villages ou des exploitations, en terrain constructible. Le produit de la vente serait reparti selon les proportions suivantes :
- 40% pour redonner de l’air à la trésorerie de l’exploitation
- 60% iraient à un Fonds Agricole d’Utilité Publique, dont les exploitants seraient actionnaires, déposé à la Caisse des dépôts et consignations.

Ce fonds ferait l’acquisition de magasins pouvant recevoir une quarantaine de palettes de produits bruts de cueille. Ils seraient situés en zone urbaine, à forte densité de population. Ce fonds servirait aussi à financer l’organisation et la logistique.

Une marge de 30% : une bonne idée impossible

Les magasins vendraient les productions agricoles, à prix coûtant (incluant le transport, les frais de main d’œuvre du magasin) plus 30% pour rémunérer le travail et la capacité à investir de l’agriculteur. Ce système permettra de payer les producteurs fournisseurs, dès la vente des produits et donc de leur donner très rapidement une trésorerie, et au consommateur d’avoir accès à des primeurs cueillis à maturité, aux qualités gustatives enfin retrouvées.

Les magasins seraient dirigés par un chômeur de plus de 53 ans ayant les compétences requises et emploieraient trois ou quatre jeunes de 18 à 25 ans sans qualification avec un vrai CDI. Les magasins ne paieraient pas de loyer, car le but n’est pas le profit'.

J'aime ce qu'il dit, parce que c'est pragmatique et cela part du terrain et non d'un bureau d'études situé au vingtième étage d'une tour de la Défense!

Je pense, malgré tout, que Pierre Priolet se trompe sur un point : nos responsables politiques ne peuvent pas sortir du système du marché libre dans lequel l'Etat s'interdit d'agir depuis des décennies. Imposer une marge de 30% n'est plus possible aujourd'hui, ne pas faire payer de loyers est une autre impossibilité dans notre monde économique.

Je propose donc, pour ma part, un autre système qui consiste, dans le monde économique qui est le nôtre, à favoriser les circuits courts et bio au détriment de la grande distribution et des gros groupes industriels.

Une TVA additionnelle, contribution incitative

Il s'agit d'imposer une faible TVA additionnelle sur les produits alimentaires, de quelques centimes sur chaque produit (par exemple une TVA de 19,7 au lieu de 19,6). Le produit de cette TVA alimentera un fond de la caisse des dépôts, géré par les agriculteurs (je reprend l'idée de Priolet). Il servira à financer l'installation de circuits courts (au maximum : un paysan, un transformateur, un vendeur-négociant). Ces deux derniers ne pourront pas dépasser les 40 employés et ne pourront pas être franchisés. Je préfère parler en nombre d'employés plutôt qu'en mètre carré car je crois davantage à l'avenir du modèle économique de l'entreprise locale de redistribution en circuit court, avec commande sur internet et livraison, plutôt qu'en celui de la moyenne surface (même si il en faut).

Cette contribution incitative, cette TVA additionnelle ne sera pas payée par ces entreprises en circuit court. Elle augmentera d'années en années, de 0,01% par an, favorisant le développement de ces circuits courts.

Cette démarche respecte les règles de fonctionnement du marché, n'est pas en opposition avec les principes de l'agriculture commune. Il ne brusque pas les grandes entreprises de l'agroalimentaire et de la grande distribution qui pourront continuer à fonctionner. Cela me semble primordiale car un Casus Belli à leur égard les feraient se braquer et s'opposer vigoureusement à ce système.

Ainsi, il sera peut être possible de sauver notre agriculture et nos paysans.
Rcoutouly
7 Commentaires
ABaudin
22/02 | 21:05 | ABaudin

Une marge de MAXIMUM 30% pour les magazins !
Stipuler une marge est contre l´esprit du libre commerce. Ce raisonnement ne tient pas.
Une entreprise a le droit de chercher á faire le maximum de bénéfices. Le droit et le devoir vis á vis de ses actionnaires.
La solution est ailleurs . La premiére leçon du commerce est de vendre ce que sa clientéle demande. La deuxíeme est de savoir acheter ! La troisiéme savoir vendre donc il faut faire du marketing. L´equation est la suivante: The right product at the right price at the right place at the right time.
Cela peut donc signifier changer de produit ou matiéres premiéres. Ce n´est pas le producteur qui commande. C´est le marché soit les consommateurs !
Rcoutouly
22/02 | 21:47 | Rcoutouly

Nous sommes d'accord sur ce point, si vous m'avez bien lu.
Mais si la solution c'est de savoir vendre et acheter, préparez-vous à voir disparaître nos derniers paysans français avant la fin de votre vie (sauf les céréaliers qui sont les seuls à être concurrenciels sur le marché mondial). Mais c'est sans doute pas grave pour vous?
ABaudin
22/02 | 22:29 | ABaudin

@Rcoutouly
Ce serait grave si les paysans disparaissaient. Cela va de soi. Les magasins doivent savoir acheter et vendre.Et je répéte : Eux doivent savoir pratiquer ' The right product at the right price at the right time at the right place '.
Le probléme des producteurs est autre. Eux sont obligés de s´adapter á la demande du marché. Soit fournir ce que les consommateurs veulent que ce soit sur le marché interne comme á l´exportation. Il n´y a pas comment fuir ce cette réalité. Si les agriculteurs n´arrivent pas á être compétitifs contre des produits importés il leur faut changer de produit. Trader chez L.Dreyfuss j´ai vu cela au Brésil. Et dans la pire des hypothéses il leur faudra produire des céréales ( mais, soyabeans, blé ). Le marché mondial de céréales a de grandes chances de rester Bullish pendant des années. Donc ils ont la une source de bénéfice garantie.
ABaudin
22/02 | 23:40 | ABaudin

Rcoutouly

Je reviens á vous en fonction de vôtre grande préocupation avec les agriculteurs Français. Il y a de cela 20 ans les grands producteurs de café ont arraché des millions de pieds de café au Brésil. Pourquoi ? parcequ´il était devenu plus rentable de planter du soja !!! Aujourd´hui ces agriculteurs sont devenus riches !!!
Il faut absolument que les agriculteurs Français aillent avec le vent. Aujourd´hui il souffle du côté des céréales.
Les grands céréaliers soit les grandes maisons de Trading de ' commodities ' doivent probablement acheter les récoltes des agriculteurs avant même la récolte !!! Donc les agriculteurs ont un débouché garanti chez Dreyfuss, Bunge Cargill, Continental Grain ou André !!!
Le marché actuel est Bullish et comme je vous l´ai dit plus haut il devra le rester assez longtemps. Pour que les prix tombent il faudrait d´abord une réduction de la demande des produits alimentaires. Ceci peut arriver en fonction des prix élevés mais pas dans une proportion qui vienne á faire Chicago dégringoler. En plus il faudrait aussi que la prochaine récolte Russe soit excellente, qu´il n´y ait pas de réduction de la récolte du á de mauvaises conditions climatiques aux U.S.A en Argentine ou au Brésil.
A ce stade on prévoit une récolte de 145 millions de tonnes de céréales au Brésil cette année. Ènorme mais encore insufisant pour faire face á la demande. Donc si les agriculteurs Français se tournent vers les céréales á mon avis ils seront du bon côté.
andre1
23/02 | 21:04 | andre1

Je pense que les agriculteurs veulent vivre du produit de leur travail plutôt que de subventions. La solution prônée par ABaudin ne peut concerner qu'une toute petite partie d'entre eux.
La mise en place de prix minimums garantis, qui pourraient être fixés entre producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs pourrait être envisagée.
andre1
23/02 | 22:45 | andre1

Il conviendrait ensuite que ces prix minimum garantis soient rendus obligatoires pour les achats qu'ils soient effectués aux producteurs nationaux, de l'Union Européenne ou des autres pays.
persan
25/02 | 00:07 | persan

le phénomène des céréales est conjoncturel, lié aux incendies en russie, aux inondations en asie, toute opportunité est bonne à prendre, mais elle n'est pas durable, et les problèmes de fond ne sont pas abordés.
la logique du marché est une chose, l'ouverture angélique et dogmatique totale à la concurrence en est une autre surtout quand l'europe tergiverse sur les sanctions lors d'abus manifestes. On a vu l'exemple pour les fruits et légumes, la production du sud de la france est concurrencée par la production espagnole dont la main d'oeuvre est en partie constituée de clandestins payés 'au lance pierre'. L'état français a voulu apporter une aide, mais l'europe l'a interdite. Donc le dumping social est autorisé, et les dispositions de compensation de cette concurrence déloyale interdits, au nom de la libre concurrence !!!!qui peut comprendre ?
le marché traduit un certain équilibre entre l'offre et la demande mais aussi cache de lourdes distorsions. La France a fait le choix de protection sociale qui lui coûte au niveau des coûts de production, il est logique que les produits importés soient taxés à hauteur de cette différence, sinon c'est une concurrence déloyale, et on va payer pour indemniser des chômeurs. D'une façon plus générale, le dumping social est une distorsion concurrentielle qu'on ne peut pas laisser en l'état avec la naiveté de la concurrence pure et parfaite.
de même, la france est un jardin, chaque région est magnifique par la diversité des champs, des cultures. La France est le premier pays en nombre de touristes, combien y en aura t il lorsque la campagne sera en friche ? il faut donc affecter en partie les bénéfices du tourisme perçus par l'état à l'aide à l'agriculture pour renforcer par ex les gites, la vente directe, apporter les activités qui permettront d'améliorer la viabilité des fermes.
Il est clair aussi que la distribution a la main lourde au détriment des producteurs, constat d'ailleurs d'ordre général, il suffit de faire le lien entre le prix de la viande à la production et chez le boucher, ceci est du à la force des centrales d'achat. La réponse est de constituer des centrales de vente pour récupérer les marges, ce type de plateforme pour des circuits courts commence à s'organiser dans le sud ouest, et ça me semble très structurant.
simples remarques de bons sens et dans une vision globale, dans une bonne gestion de l'intérêt général et des contribuables, de faire le lien de causes à effet, plutôt que les dogmes réducteurs de la divine concurrence. Car si le consommateur paye 5e de moins la viande d'argentine, mais qu'il paye 10e de plus en impôts pour payer les aides aux chômeurs supplémentaires et tous les autres coûts induits pour la société, est il vraiment gagnant ? c'est en tout cas ce qu'on décrète d'autorité pour lui au nom de la loi du marché ! certains répondront sans doute que c'est difficile parce que ce n'est pas le même ministère, manque de moyens ?
Beaucoup d'autres pays protègent leur industrie, leurs agriculteurs, il faut ajuster les ouvertures du marché en fonction de la réalité, le problème est que les conseillers ne sont pas les payeurs et que contrairement à ceux qui sont dans la vraie vie, il n'y a pas de lien entre leur salaire et les conséquences induites à toutes ces dispositions destructrices de valeur globale, cherchez l'erreur !
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