Friday, February 25, 2011

où est-on sur les éoliennes du Cap-Corse - Libération

Avis de bourrasque judiciaire sur les éoliennes du Cap-Corse - Libération: "Société 25/07/2005 à 03h04
Avis de bourrasque judiciaire sur les éoliennes du Cap-Corse

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PIVOIS Marc

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Centuri envoyé spécial

Comme de grands oiseaux prêts à prendre leur envol, les douze éoliennes d'Ersa se dressent en haut des montagnes du Cap-Corse, dans l'extrême nord de l'île. Elles ont été érigées en 2001, première étape du programme Eole 2005. Un beau chantier pour l'économie insulaire, 17 millions d'euros, financé pour un quart par le Feder (Fonds européen de développement régional) et pour le reste par l'Ademe (Agence gouvernementale de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et le Fonds corse de maîtrise de l'énergie. Il n'y a pas eu d'attentats, ni avant, ni pendant, ni après les travaux. Ce qui, en Corse, ne manque pas d'étonner, d'autant que ces machines, montées en moins d'une semaine, se sont vite révélées bruyantes. «Ces ouaf-ouaf perpétuels finissent par rendre fous», assure une habitante de Centuri, petit port très touristique du Cap. Juste à côté, à Rogliano, sept autres éoliennes coiffent l'un des plus beaux villages de l'île. Et y font ce même boucan horripilant. La majesté du site, la grâce aérienne de ces centrales électriques estampillées «énergies renouvelables» auraient-elles malgré tout inspiré le respect ? Les enquêteurs de la brigade financière n'y croient pas une seconde. Ils sont au contraire persuadés que si ce projet a été épargné, c'est juste que les plastiqueurs y ont trouvé leur compte.

Planque. Au cours des investigations sur l'affaire Charles Pieri, responsable nationaliste condamné en mai à dix années de prison, notamment pour abus de biens sociaux et racket, les enquêteurs se sont intéressés, de manière incidente, aux éoliennes d'Ersa et de Rogliano. Rien ne relie juridiquement Charles Pieri à cette affaire. Il était d'ailleurs en prison, pour détention d'armes, au moment des appels d'offre et des travaux. Mais au coeur du dossier on trouve un ami très proche de Pieri, le maire de Centuri, Joseph Micheli, dit José. Avec son frère Thomas, maire de la commune voisine d'Ersa, cet élu nationaliste, membre de Corsica Naziune, est aussi «directeur de sociétés», notamment d'entreprises de travaux publics comme Ersa BTP ou Cap-Corse Bâtiment. «José et Charles [Pieri] étaient toujours ensemble, Pieri fréquentait assidûment sa résidence hôtelière du port», assure une habitante de Centuri. On murmure aussi avec insistance, dans le nord du Cap, que Pieri, en cavale à la fin des années 80, se planquait dans un garage appartenant à la famille Micheli. De même, l'armurerie bastiaise Micheli, où Pieri achetait ou échangeait des quantités importantes de matériel (il est collectionneur passionné d'armes et de chiens de chasse), appartient à la famille.

Selon les enquêteurs, près d'un million d'euros du chantier des éoliennes auraient été détournés, notamment par des surfacturations ou des travaux fictifs. Neuf personnes ont été mises en examen, dont José Micheli, André Allègre, ancien président du tribunal de commerce de Bastia et patron du bureau d'étude, responsable du schéma financier de l'opération «éoliennes au Cap». Plusieurs entrepreneurs de travaux publics sont également concernés. Selon le Monde, un ingénieur de Siif Energies, filiale d'EDF qui a construit les éoliennes, a assuré au juge Courroye que «le marché était surévalué pour que les choses se passent bien (...), pour qu'il n'y ait pas d'attentats, pas d'agressions, que le chantier se déroule normalement». Toujours selon les enquêteurs, des sommes atteignant «au moins 150 000 euros en liquide» seraient revenues, «à travers Cap-Corse Bâtiments», vers Micheli.

Le nationaliste José Micheli a pris en 2001 la mairie de Centuri jusque-là tenue par un élu communiste. «Une vraie prise d'assaut, raconte une opposante. Avec Jacques Mosconi, le garde du corps de Pieri, chargé de convaincre les électeurs. Le jour du vote, il y avait des armes partout !» Toujours est-il que, depuis que Micheli est devenu maire, des travaux d'amélioration du réseau routier et d'assainissement ont été engagés dans la commune. Et qu'un nouvel entrepreneur de travaux publics, Jean-Christophe Albertini, dit Tito, s'est mis à beaucoup y travailler.

Liquide. A 37 ans, cet éleveur qui possède 80 vaches limousines dans les pâturages de Macinaggio a la réputation d'être «un gros bosseur», «au boulot du lever du soleil à son coucher». Il est aussi connu comme responsable syndical agricole très engagé, tendance nationaliste radicale. Parmi ses faits d'armes, une bousculade sur le port de Macinaggio, au cours de laquelle un envoyé de la préfecture a pris un bain forcé. Enfin, l'homme est le beau-frère de Charles-Philippe Paoli, ami très proche de Pieri, condamné lui aussi à six ans de prison pour abus de biens sociaux dans l'affaire Pieri. Propriétaire d'un bulldozer, il avait obtenu, en sous-traitance d'une boîte de Micheli, le terrassement des plates-formes des éoliennes. Problème : dans sa comptabilité, les enquêteurs ont relevé 370 000 francs de factures (56 400 euros), et dans celle de Micheli 450 000 francs (68 600 euros). Le maire de Centuri a assuré, lors de ses interrogatoires, avoir versé 80 000 francs (12 000 euros) en liquide à «Tito» Albertini. Qui crie à l'imposture et réclame une confrontation avec son accusateur. Alors que Micheli, mis en examen le 24 juin par le juge Courroye pour «abus de biens sociaux», «complicité d'escroquerie en bande organisée» et «financement d'entreprise terroriste», a été remis en liberté, Albertini, lui, reste en détention.

Les enquêteurs espèrent établir que ce cash a permis d'alimenter le FLNC. Le procès Pieri, en avril, avait montré comment le vieux chef nationaliste et ses compères coaccusés s'assuraient un train de vie confortable grâce à leur réputation de «patrons» du mouvement clandestin. Faute d'éléments concrets, le tribunal avait dû abandonner une bonne partie des poursuites pour financement terroriste.

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