L'Angolagate de Monsieur Pasqua: honorables correspondants et chers disparus - France - Midi Libre

L'Angolagate de Monsieur Pasqua: honorables correspondants et chers disparus - France - Midi Libre: "D'une sacoche d'administrateur des colonies à un Bartissol avec gâteaux secs, en passant par un honorable correspondant des services secrets et un club souverainiste, la cour d'appel de Paris voyage dans le XXe siècle et une certaine idée de la France.

Cette semaine, elle examinait le volet 'Pasqua-Marchiani' de l'Angolagate, affaire de vente d'armes vers l'Angola dont les acteurs principaux sont Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, eux-mêmes des personnages dignes d'un roman.

La grosse cinquantaine tous les deux. L'un parti d'Algérie, l'autre d'Union soviétique. L'un fils de 'papa Falcone', homme d'affaires né et roi de la conserve de poisson, l'autre parti de rien, arrivé en France dans les années 70 et devenu milliardaire, donc sulfureux et pain bénit pour les services secrets.

'Toutes
les personnes qui venaient d'URSS étaient convoquées...', explique Raymond Nart, 78 ans, ex-numéro 2 de la DST, l'ancien contre-espionnage.

Tellement convoqué que Gaydamak a fini par faire partie de la maison. Nart confirme qu'il a 'servi la France', en usant par exemple de ses contacts pour aider à la libération de deux pilotes otages des Serbes de Bosnie en 1995.

Ces Serbes, avec Mladic 'sous l'empire de l'alcool de prune à partir de 09H30 du matin...'.

Charles Pasqua, 83 ans, l'a dit lui aussi: Gaydamak était un 'honorable correspondant' de la DST. Juste assez pour que les autres 'services', en vertu d'une guerre notoire entre eux, se livrent à de sombres calculs.

Homme des secrets, de la Résistance, des services d'ordre parallèles, Charles Pasqua sait de quoi il parle.

Avec Jean-Charles Marchiani, ex-préfet, il est accusé de trafic de médailles: d'avoir été payé pour intervenir en haut lieu afin que Gaydamak soit décoré de l'Ordre du Mérite.

'Un peu fort de café', pour Marchiani. 'Injurieux', pour Pasqua.

Les déclarations des témoins de la défense mettent du baume au coeur des condamnés.

'J'ai pour Charles Pasqua la plus haute considération', déclare un ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac, Bertrand Landrieu. 'Je suis en mesure d'estimer qu'à l'époque, il a rendu service à la France'.

'Ceux qui ont été jugés coupables n'étaient pas des affairistes', poursuit José Bruneau de la Salle, gérant de haras et ex-trésorier de 'Demain la France', club de réflexion lancé par Charles Pasqua et Philippe Séguin (décédé en janvier 2010).

De nos jours, on appellerait ça un 'think tank', précise le sénateur avec son accent du sud.

Le 'think tank' en question partageait ses locaux avec l'association France Afrique Orient (FAO), cofondée celle-là avec Pierre Messmer (mort en 2007).

Là, il s'agissait de maintenir 'le contact avec les chefs d'Etat d'Afrique francophone', précise M. Pasqua.

Pierre Messmer, Premier ministre de Georges Pompidou, héros de la France libre, prisonnier en Indochine, 'un homme assez exceptionnel', rappelle-t-il.

'Une fois par an nous partagions un modeste Bartissol avec quelques gâteaux secs...', se souvient un des trésoriers de l'association FAO, Bernard Bled, 66 ans.

Pierre Messmer 'payait ses notes de restaurant, comme De Gaulle ses notes d'électricité et ses timbres', complète son successeur, Patrick Sebline, 75 ans.

Plusieurs témoins disent que 'le mobilier' n'avait aucune importance pour lui, ancien de la Légion étrangère. Une planche sur des tréteaux, des chaises en fer. Il tenait seulement à une 'petite vitrine', avec quelques souvenirs. Sa sacoche d'administrateur de la France d'Outre-mer, son sabre d'académicien...



– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"